Le ministre des Relations internationales, Jean-François Lisée, a dévoilé hier son plan de développement du commerce extérieur. Le principal objectif de la nouvelle politique? Faire en sorte que 1000 entreprises québécoises de plus exportent sur les marchés étrangers.

«Ce plan servira de coup d'accélérateur pour les exportations québécoises», a déclaré M. Lisée dans un discours prononcé devant le Conseil des relations internationales de Montréal.

Le gouvernement prévoit que l'initiative générera d'ici 2017 une hausse de plus de 35% des ventes fermes à l'exportation et la création de 2000 emplois par année.

Pour en arriver à ce dernier chiffre, les fonctionnaires ont évalué qu'en moyenne, une entreprise qui reçoit 660$ en aide gouvernementale réussit à augmenter ses exportations de 140 000$ et, par conséquent, à créer un emploi permanent.

«Ces chiffres, il faut les prendre avec humilité et audace, a néanmoins reconnu M. Lisée. Il est complètement farfelu de vous dire aujourd'hui que le gouvernement du Québec et tous ses partenaires vont réussir à influer la balance commerciale. Ce que nous pouvons contrôler, ce sont les résultats que l'accompagnement de nos entreprises va avoir grâce à notre action.»

Le ministre a indiqué que la politique était dotée d'un budget de 82 millions sur trois ans, mais plus de la moitié de cette somme - 45 millions - servira simplement à maintenir en place un programme de soutien aux entreprises qui existait déjà. Une quinzaine de millions serviront en revanche à bonifier les services existants.

Plus d'accompagnement pour les entreprises

La pierre angulaire du plan Lisée est l'augmentation du nombre d'entreprises bénéficiant des services d'accompagnement du gouvernement. Le budget annuel du programme Exportation du ministère des Relations internationales et du Commerce extérieur, qui offre un soutien direct aux entreprises, passera de 15 à 20 millions.

Québec souhaite ainsi faire passer de 3400 à 4000 le nombre d'entreprises qui reçoivent un accompagnement des organismes régionaux de promotion des exportations et de 450 à 500 le nombre d'entreprises qui participent à des missions commerciales.

Le BRIC dans la ligne de mire

Sans surprise, le plan met l'accent sur les exportations vers les quatre principaux pays émergents: le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine (BRIC). Entre 2009 et 2012, près de 40% de la croissance des exportations internationales du Québec provenait du BRIC. La valeur des exportations québécoises à destination de la Chine a plus que quadruplé au cours des 10 dernières années. En fait, la Chine est maintenant le deuxième partenaire commercial du Québec, derrière les États-Unis.

Réduire le déficit commercial

Jean-François Lisée a dit espérer hier que son plan permette au Québec de redresser son solde commercial. Depuis le début des années 2000, le Québec importe plus qu'il n'exporte en raison de plusieurs facteurs: déclin de l'industrie forestière, fort bond des achats en Chine, hausse des importations de pétrole... En excluant les hydrocarbures, la situation s'est toutefois améliorée depuis 2011. Le ministre souhaite que l'an prochain, le solde commercial du Québec hors produits pétroliers redevienne positif.

Intégrité

Le ministre a tenu à aborder la question de l'éthique dans son discours. «Nos entreprises ont été dans beaucoup de cas des fleurons de l'intégrité, mais aussi, dans certains cas, des délinquants de l'intégrité", a-t-il lancé. Il a annoncé que d'ici quelques mois, les entreprises qui n'auront pas été autorisées par l'Autorité des marchés financiers à conclure des marchés publics ne pourront pas recevoir les services de son ministère.

Réactions

Les milieux d'affaires ont bien accueilli le plan Lisée. Le regroupement Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ) a salué la volonté du gouvernement de faciliter les démarches administratives. «On ratisse très large, a toutefois commenté le président de MEQ, Simon Prévost. La politique est bien orientée, mais on se demande si le gouvernement va être en mesure de bien livrer tout ce qui est prévu là-dedans.» De son côté, le PDG de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc, a estimé que Québec a «bien écouté" les entreprises. Il aurait néanmoins souhaité davantage pour les «missions commerciales inversées», où l'on attire ici de grands acheteurs internationaux pour les présenter à des PME.