Les nouveaux compteurs d'électricité continuent de susciter la controverse. Des inspecteurs en bâtiment recommandent aux acheteurs d'une maison où un nouveau compteur d'Hydro-Québec a été installé de s'en débarrasser et de le remplacer par un compteur électromécanique.

«C'est une mesure de précaution», explique Pascal Baudaux, un inspecteur en bâtiment qui met en garde tous ses clients si un nouveau compteur a été installé dans la maison qu'ils veulent acheter.

Certaines personnes sont très sensibles aux radiofréquences émises par ces compteurs, a-t-il précisé. «Si je ne le mentionne pas et qu'une personne tombe malade et que c'est prouvé que c'est le compteur qui en est responsable, je ne veux pas que la responsabilité revienne sur moi.»

À l'Association des inspecteurs en bâtiments du Québec, à laquelle appartient Pascal Baudaux, on affirme qu'il n'existe ni norme ni directive professionnelle pour les compteurs d'électricité. «L'inspecteur qui en parle décide lui-même de le faire», a répondu la présidente du conseil d'administration de l'association, Cynthia Laforte, lorsqu'interrogée par La Presse.

Selon elle, les informations sur les émissions de radiofréquences des nouveaux compteurs d'Hydro-Québec sont «mitigées» et les inspecteurs peuvent donner des conseils à leurs clients dans leur rapport s'ils jugent bon de le faire.

C'est ce que fait Pascal Baudaux. Dans un de ses rapports, il écrit sous la rubrique «Danger potentiel», accompagnée d'une photo du compteur: «Nous avons noté la présence d'un compteur électrique à radiofréquence. Ce type d'appareil pourrait être un risque pour la santé humaine car il émet des ondes électromagnétiques pulsées de haute intensité. Certaines personnes peuvent être sensibles à ces ondes et développer des maladies reliées [...]. Par mesure de prévention, je recommande le remplacement de l'appareil par un compteur de type électromécanique. Contacter une entreprise en installation électrique ou le fournisseur d'électricité pour procéder au changement.»

L'inspecteur conseille aussi qu'une affiche soit installée pour avertir les occupants de la maison de ne pas s'approcher à moins de 20 cm du compteur.

Étonnement chez Hydro

Chez Hydro-Québec, on se dit «extrêmement étonné» d'apprendre ça. «S'il est vrai qu'un inspecteur en bâtiment a conseillé à des acheteurs de retirer le nouveau compteur, il n'a visiblement pas la bonne information», a réagi le porte-parole Patrice Lavoie.

Les compteurs de nouvelle génération ne posent aucun risque pour la santé, affirme Hydro, qui cite Santé Canada et la Direction de santé publique.

«Il est de notoriété publique que la puissance moyenne d'émission des compteurs de nouvelle génération est de 120 000 fois en deçà des normes établies par Santé Canada.»

Selon le porte-parole d'Hydro, le compteur de nouvelle génération devient un attrait pour une nouvelle résidence, parce qu'il permet la détection plus rapide des pannes et la lecture à distance des données de consommation.

Hydro-Québec a entrepris de remplacer la totalité de ses 3,8 millions de compteurs, une opération qui va bon train et qui lui coûtera 1 milliard.

Pour répondre aux inquiétudes sur les radiofréquences, Hydro a accepté d'installer des compteurs électromécaniques chez ses clients qui ne veulent pas des nouveaux compteurs. Mais ils doivent payer: l'installation d'un compteur électromécanique leur coûtera 137$ et ils devront débourser 17$ par mois pour la relève manuelle.