Après un été pour le moins tendu à l'usine chimique de Kronos, les négociations en vue de renouveler le contrat de travail ont repris, vendredi, en compagnie du conciliateur.

Les 320 syndiqués de l'usine de Varennes sont en lock-out depuis le 13 juin. La fermeture est survenue dans les heures qui ont suivi le rejet des offres patronales, dites finales et globales, par les syndiqués.

En plus de la rencontre de vendredi, quatre autres dates dans le mois ont été réservées pour poursuivre les négos. «On a plus de dates en octobre que tout ce qu'on a pu obtenir cet été», se réjouit François Morin, vice-président de l'information du Syndicat national des employés de Kronos Canada, affilié à la CSN.

Il s'agit d'un heureux retournement de situation, à la suite des événements disgracieux de l'été. Fin juillet, des colis suspects avaient été placés devant le domicile de cadres de l'entreprise. Le syndicat avait dénoncé les actes.

Le 22 août, un travailleur de Kronos qui manifestait devant les locaux de Transport Robert, à Boucherville, a été happé par un automobiliste. Par cette manifestation, les employés de Kronos dénonçaient la poursuite des livraisons de matières premières par le Groupe Robert chez Kronos, en dépit du lock-out.

À la table de négociation, les pommes de discorde sont le recours à la sous-traitance, la portée de l'accréditation et les libertés syndicales. Selon François Morin, jusqu'à un tiers des emplois est en péril. Le régime de retraite à prestations déterminées est aussi menacé.

Il n'a pas été possible de parler à un représentant de Kronos Canada.

Rappelons que Kronos a annoncé un investissement de 44 millions en mai 2012. Investissement Québec a confirmé une participation de 8,1 millions dans le projet. Le bras investisseur du gouvernement québécois a déboursé 1,8 million du prêt en janvier dernier. Il aussi remis à l'entreprise 250 000 $ en subvention.

Depuis le 13 juin, l'usine Kronos, qui produit du dioxyde de titane servant à l'opacité de la couleur dans la peinture, fonctionne à 15 % de sa capacité, à l'aide des cadres. Une plainte anti-briseurs de grève a d'ailleurs été déposée contre Kronos par le syndicat. Un enquêteur du ministère du Travail s'est présenté chez Kronos le 13 août 2013. Son rapport conclut à deux violations au Code du travail concernant les dispositions anti-briseurs de grève. La Commission des relations du travail entendra le litige le 15 octobre.

Pour les six premiers mois de l'année, la maison mère de Kronos Canada, Kronos Worldwide de Dallas, au Texas, affiche une perte de 90 millions US, contre un profit de 164 millions pour la même période en 2012.

Règlement chez un fournisseur

En parallèle, le conflit de travail chez Rio Tinto QIT, à Sorel-Tracy, a été réglé par l'adoption d'une entente de principe par les 1200 syndiqués au début du mois. La convention collective était échue depuis le 29 avril 2013. Les discussions achoppaient notamment sur la question de la sous-traitance. QIT, par l'entremise de son usine UGS, fournit à Kronos le minerai servant à fabriquer le dioxyde de titane à Varennes.

«Est-ce que le fait que QIT ait évité un litige et que les activités reprennent a-t-il eu pour effet de convaincre Kronos de vouloir régler le conflit à son tour? L'avenir nous le dira», indique François Morin.

En raison des conditions de marché ardues, Rio Tinto a fermé de façon temporaire l'usine UGS du 12 février jusqu'en juillet dernier. Une partie de ses 175 employés, qui avaient été redéployés ailleurs dans le complexe, ont depuis repris le chemin de l'usine UGS.

QIT avait annoncé en juillet la suppression de 250 postes à Sorel-Tracy. Au dire de Dave Bellemare, conseiller syndical de la CSN, environ 60 personnes parmi les 250 ont été mises à pied jusqu'à maintenant.