Le dynamisme d'une économie dépend beaucoup de ces entreprises de bonne taille ayant les moyens financiers pour innover et exporter davantage que les PME. Par sa nouvelle politique industrielle, le gouvernement du Québec veut transformer ce qu'il appelle des «gazelles» en fleurons de demain du Québec inc.

Ces gazelles sont des entreprises prometteuses. Ces espèces rares seront identifiées parmi les grappes industrielles, les créneaux ACCORD ou dans la filière des véhicules électriques. Le gouvernement souhaite identifier 300 gazelles dans le cadre de plans régionaux d'intervention.

Ces plans seront élaborés par les fonctionnaires, en collaboration avec des commissaires industriels dans les régions du Québec.

Pour chaque gazelle, un plan d'action sera établi. Il consistera en un diagnostic, un plan d'intervention et un soutien à sa mise en place. Cet accompagnement sera fait entre autres par des organismes experts comme l'Institut de développement de produits, Export Québec et Croissance Québec Techno.

Avec un tel plan de match, le gouvernement croit réaliste de voir augmenter de 20 % en cinq ans le chiffre d'affaires des entreprises ayant effectué l'ensemble de la démarche. Après trois ans, le gouvernement souhaite que six entreprises dépassent les 200 millions de dollars comme chiffre d'affaires. Un nombre qui passerait à 20 entreprises après 10 ans.

«C'est beaucoup, indique Louis Duhamel, associé chez Deloitte, qui suit le secteur manufacturier québécois de très près. Selon lui, le Québec compte au maximum 100 entreprises ayant entre 200 et 500 millions de revenus annuels. À plus de 500 millions par année, on compte environ 175 sociétés.

D'après lui, le gouvernement cherchera ses gazelles parmi les entreprises ayant déjà 100 millions de revenus. «Pour y parvenir, il faut travailler avec des entreprises sophistiquées et déjà internationalisées», précise-t-il.

Autrement, la politique reprend essentiellement les annonces de lundi dernier faites dans le cadre du dévoilement de la politique économique par la première ministre Pauline Marois. Les bonifications apportées au crédit d'impôt à l'investissement monopolisent une bonne part de l'argent frais dégagé pour la politique. Une autre part va à la création d'organismes et à l'ajout de structures.

Réaction positive

Louis Duhamel s'en dit clairement satisfait. Selon lui, il y a une volonté politique clairement assumée à l'égard du secteur manufacturier, et la politique se veut englobante en touchant à plusieurs aspects à la fois, comme la productivité, l'innovation, la commercialisation et les exportations. Finalement, elle cible aussi des objectifs précis. «J'avais peur qu'on accouche d'un mouton, mais je pense qu'on essaie d'accoucher d'un lion», dit-il. Ou d'une gazelle.

Faits saillants de la politique industrielle

1 milliard d'argent frais en quatre ans

> 478 millions en injection de fonds par le ministère de l'Économie

> 205 millions en mesures fiscales

> 50 millions pour le fonds Capital

Provenance

172 millions proviennent du ministère de la Recherche et du Commerce extérieur et 186 millions, des Ressources naturelles pour subventionner des mesures d'efficacité énergétique en entreprise.

10 mesures en vedette

> 461 millions en bonification de crédits d'impôt à l'investissement

> Création d'un Centre d'excellence en innovation manufacturière de 30 millions

> Création d'un Institut du transport électrique de 35 millions

> 186 millions pour ÉcoPerformance, des subventions aux mesures d'efficacité énergétique

> Création des grappes industrielles de l'électricité, du design industriel et de la mode

> 50 millions pour attirer des acteurs majeurs de l'électrification des transports

> Création de trois regroupements sectoriels de recherche industrielle, comme des Centres collégiaux de transfert de technologie

> 20 millions pour attirer des laboratoires de recherche privés

> Ajout de deux à quatre «projets mobilisateurs», en plus de la deuxième phase de l'avion écologique

> Appui aux projets d'innovation industrielle (43 millions) et aide à la commercialisation des innovations (28 millions)