Jean Charest nous avait donné le Plan Nord. François Legault a répliqué avec le Projet Saint-Laurent. Philippe Couillard misera plutôt sur sa stratégie maritime.

Le chef du Parti libéral du Québec (PLQ) va entreprendre la prochaine campagne électorale en promettant la prospérité aux Québécois, s'il est porté au pouvoir.

L'idée de prospérité sera au coeur de sa campagne et il compte notamment sur sa future «Stratégie maritime» pour enrichir les Québécois, a-t-il indiqué au cours d'une entrevue à La Presse Canadienne, mercredi.

M. Couillard jouera donc clairement dans les plates-bandes de son rival de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, en centrant lui aussi son discours électoral sur la mise en valeur du fleuve Saint-Laurent, de toutes les façons imaginables.

Cette stratégie maritime, encore inachevée, sera son «grand projet» comme l'a été le Plan Nord pour l'ex-premier ministre Jean Charest, un projet resté plus ou moins en plan depuis l'élection du gouvernement péquiste et qu'il s'engage aussi à réactiver s'il prend le pouvoir.

Avare de détails sur le projet, M. Couillard s'engage quand même à «voir plus large» que François Legault, qui veut faire de la vallée du Saint-Laurent une sorte de Silicon Valley à la québécoise. M. Legault va d'ailleurs publier tout un livre consacré à ce seul sujet dans les prochains jours.

La stratégie maritime libérale sera «du même acabit» que le Plan Nord en termes d'importance, a-t-il illustré, en disant qu'un gouvernement Couillard interviendrait de façon globale, «sur le plan économique, écologique et touristique» pour mettre en valeur le fleuve et le golfe du Saint-Laurent.

«Il y a énormément de choses qu'on peut faire avec cet accès à la mer que nous donne notre géographie», estime M. Couillard, qui mise donc lui aussi sur les ressources naturelles pour sortir le Québec de la morosité économique.

Le parti est en train de finaliser cette stratégie qui, comme le Plan Nord, adoptera une approche de développement durable et de création d'emplois en régions.

Si la première ministre Pauline Marois déclenche des élections générales cet automne, on risque d'entendre souvent le mot «prospérité» dans la bouche du chef libéral, qui en fera son leitmotiv.

Quand on lui demande pourquoi il veut devenir premier ministre du Québec, M. Couillard répond que c'est «pour construire un Québec prospère, plus juste parce que plus prospère». Car «sans une économie prospère, on n'a pas de liberté de choix».

Le PLQ proposera aux électeurs un programme axé sur des «enjeux concrets», programme qui doit être finalisé en conseil général le 26 octobre à Montréal.

En matière économique, les chefs d'entreprises seront courtisés avec des promesses de moins de bureaucratie et moins de charges fiscales sur la masse salariale.

Les familles auront droit à un programme d'accès à la propriété.

Mais l'enjeu principal de la prochaine campagne électorale, c'est-à-dire la question qui fera la différence le jour du vote, sera assurément la création d'emplois, selon lui. Le parti qui formera le prochain gouvernement sera donc celui qui sera jugé le plus crédible pour rebâtir une économie menacée par une récession à court terme.

«On est à deux mois d'être officiellement en récession», calcule-t-il, rappelant que le produit intérieur brut (PIB) du Québec est en baisse depuis quatre mois consécutifs déjà.

«Ce n'est quand même pas banal qu'on soit dans une pré-récession alors que l'environnement immédiat ne l'est pas», dit-il, en faisant allusion à l'Ontario qui performe mieux que le Québec.

Référendum

M. Couillard est d'avis que les Québécois ne donneront pas un mandat majoritaire au Parti québécois, car cela aurait pour conséquence de relancer le débat autour de la souveraineté avec la tenue possible d'un référendum.

«Le mouvement souverainiste a d'abord été un atout pour le Québec, qui a d'abord favorisé un essor de l'identité et de la fierté québécoises, mais devient maintenant un facteur de ralentissement, de retard pour le Québec, parce qu'il plonge toujours le Québec régulièrement dans ce débat-là lorsque le PQ est majoritaire», analyse le chef libéral.

Selon lui, les péquistes «ne pourront certainement pas dire à la population qu'ils n'ont pas l'intention de faire un référendum sur l'indépendance» si jamais ils formaient un gouvernement majoritaire.

Il dit avoir hâte d'en découdre sur le terrain avec Pauline Marois et François Legault, alors qu'il vivra sa première campagne électorale dans les habits d'un chef de parti.

Ce sera une «expérience de vie unique», dit celui qui a succédé à Jean Charest, réputé pour ses qualités de «campaigner», en mars dernier.

Loin de le stresser, la perspective d'une campagne électorale hâtive le «stimule énormément», car après coup, il pourra dire: «Je l'ai fait».