Quatre mesures à court terme pour s'attaquer à une conjoncture difficile et à une croissance anémique qui vont coûter 315 millions.

Quatre stratégies à plus long terme pour consolider et dynamiser, moyennant 1,68 milliard, les assises économiques du Québec.

La première ministre Pauline Marois ne cachait pas son enthousiasme hier en détaillant ces huit éléments, susceptibles à eux seuls de créer 43 000 emplois d'ici 2017 et, à partir de là, d'augmenter de 0,8% la valeur de la production de biens et de services (le PIB nominal) de manière récurrente.

«Le Québec a besoin d'un plan ambitieux», a-t-elle lancé au terme d'une présentation détaillée de sa politique économique devant un parterre de ministres et de leaders publics, privés et de l'économie sociale dans l'atrium de l'édifice de la Caisse de dépôt et placement.

Difficile aujourd'hui de mesurer l'impact des quatre stratégies qui pourront être abandonnées ou transformées par un prochain gouvernement. Que reste-t-il après tout du Plan Nord, annoncé en grande pompe par Jean Charest au Palais des congrès, durant les rigueurs du printemps érable?

Certes, le Nord reste un pôle de développement et des investissements sont annoncés pour réparer la route vers la Baie-James, étudier l'opportunité d'un troisième lien ferroviaire sur la Côte-Nord et d'un aéroport près du mont Otish.

Ce sont toutefois les mesures à court terme que le gouvernement minoritaire sera sûrement en voie de concrétiser dans l'espoir de stimuler la croissance, l'emploi et les recettes fiscales.

Pour l'exercice en cours, il y en a pour 52 millions, une bagatelle dans un budget de près de 75 milliards, pourront clamer les cyniques.

En fait, c'est bien davantage.

Un programme comme ÉcoRénov, qui vise à accorder un crédit d'impôt allant jusqu'à 10 000$ pour stimuler la rénovation verte des maisons, entre en vigueur aujourd'hui et se prolongera jusqu'au 31 octobre 2014. Ce n'est toutefois qu'en 2014-2015 que Québec commencera à rembourser les crédits accordés.

Entre-temps, des travailleurs en construction, des fabricants de portes et fenêtres ou de chaudières recevront des contrats qu'ils n'auraient pas eus nécessairement.

L'idée n'est pas nouvelle. Les ministres des Finances Jim Flaherty et Monique Jérôme-Forget avaient lancé une initiative similaire en 2009.

Il en va de même du demi-milliard qui servira au devancement d'investissements en infrastructures. Des plans déjà terminés dans les cartons pour la rénovation des écoles aux prises avec de la moisissure, de l'humidité ou une ventilation déficiente, des infrastructures sportives à moderniser, des parcs à rééquiper pourront se transformer en autant de chantiers à court terme, si la main-d'oeuvre est disponible.

Ce devancement d'emprunts ne devrait pas augmenter la dette à moyen terme puisque ce qui est emprunté aujourd'hui n'aura pas à l'être demain.

Les surplus d'Hydro-Québec qu'on va chercher à mettre à profit pour attirer des investissements à court terme sont plus utiles que s'ils dormaient dans les réservoirs.

Au lendemain du 11 septembre 2001, le Québec traversait comme aujourd'hui un passage à vide. La ministre des Finances d'alors, une certaine Pauline Marois, avait présenté un budget d'urgence, pour répondre "à une situation exceptionnelle». Il prévoyait un devancement de 3 milliards des investissements publics pour augmenter la croissance de 0,7 point.

Ce passé semble inspirer Mme Marois avec sa Priorité Emploi. On peut la comprendre. En 2001, elle avait hautement gagné son pari, mais elle avait eu aussi un peu de chance.