La politique économique du gouvernement du Québec annoncée par la première ministre Pauline Marois, lundi, a suscité des réactions généralement positives auprès de certains groupes actifs dans la sphère économique, même si les bons mots étaient généralement contrebalancés par diverses critiques.

La Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) a salué la présentation de la nouvelle politique, mais elle s'est dite convaincue que le report de l'objectif du déficit zéro était un passage obligé pour éviter que cette politique reste dans le domaine des voeux pieux.

«Bien sûr, la création d'emploi et l'aide à l'investissement sont incontournables à l'augmentation de la production de richesses et, en retour, à l'accroissement des revenus pour le gouvernement, mais cela ne se fait pas en criant ciseau ou en claquant des doigts. Entre-temps, on peine à maintenir à flot des services publics de qualité», a affirmé le président de la FTQ, Michel Arsenault.

«Le report de l'équilibre budgétaire donnerait un peu d'air frais et fournirait une marge de manoeuvre pour commencer à concrétiser la politique», a-t-il ajouté.

De son côté, la CSN a applaudi l'initiative de Québec d'aller de l'avant avec une politique économique «proactive, qui vise à soutenir le développement de l'économie et de l'emploi».

«Les dernières statistiques portant sur l'économie québécoise et le marché du travail ont de quoi nous inquiéter. Si le Québec a su mieux traverser la dernière crise, il n'en demeure pas moins que notre situation économique semble se fragiliser. Nous croyons que l'État ne peut rester inactif devant de tels constats. Il doit, par ses politiques, apporter un soutien concret au développement économique, que nous souhaitons durable», a déclaré le président de la CSN, Jacques Létourneau.

Le Conseil du patronat (CPQ) s'est pour sa part réjoui de voir les questions économiques prendre une place plus visible sur la scène politique.

«La majorité des interventions proposées, que ce soit en matière de productivité, d'innovation ou de commercialisation, vont dans la bonne direction et nous les appuyons sans réserve», a indiqué d'emblée le président du CPQ, Yves-Thomas Dorval, soulignant entre autres les mesures à l'intention des entreprises manufacturières.

«Malheureusement, il nous apparaît préoccupant de constater qu'à travers cette pluie de mesures, on ne peut déceler de véritable plan stratégique qui vise résolument les déterminants de la prospérité, tels que la réglementation, la fiscalité globale et l'environnement d'affaires», a cependant nuancé M. Dorval.

Par ailleurs, la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) a estimé que le gouvernement avait dévoilé plusieurs mesures «intéressantes» en matière de développement économique et de création d'emplois.

«Dans ce qui a été annoncé (lundi), il y a beaucoup de mesures liées à la croissance des PME, ce qui est heureux. Mais il y a malheureusement peu de mesures prévues pour les grandes entreprises et pour les grands projets, ceux-là mêmes qui sont susceptibles de créer des emplois de qualité et de générer des retombées fiscales à court terme», a dit la présidente-directrice générale de la FCCQ, Françoise Bertrand.

La Chambre de commerce du Montréal métropolitain a dit accueillir «avec intérêt» la politique économique de Québec, estimant qu'elle propose «une bouffée d'oxygène» dont l'économie a besoin à court terme.

«Cependant, le vrai test sera de favoriser un environnement d'affaires qui rassure les entreprises et qui redonne à la métropole son rôle de locomotive économique», a indiqué son président et chef de la direction, Michel Leblanc.

La Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI) a salué certaines des mesures en faveur des PME.

«Nous sommes d'abord satisfaits que l'on parle d'économie, une priorité importante pour les chefs d'entreprise. Par ailleurs, plusieurs mesures de la politique s'adressent aux PME qui, rappelons-le, sont le poumon de notre économie», a affirmé Martine Hébert, vice-présidente pour le Québec et porte-parole nationale de la FCEI.

Enfin, le Réseau des carrefours jeunesse-emploi a estimé que les jeunes du Québec étaient les grands oubliés de la politique économique.

«Alors que le Québec fait face à un taux de chômage de 14,7 % chez les 15-24 ans, que le marché de l'emploi se dirige vers une rareté imminente de la main-d'oeuvre à cause des nombreux départs à la retraite, aucune mesure concrète d'employabilité ne s'adresse aux jeunes Québécois, alors que ceux-ci occuperont plus de 56 % des postes à pourvoir d'ici les prochaines années», a déploré le regroupement.