Pour la première fois hier, le ministre des Finances Nicolas Marceau a reconnu en termes à peine voilés que le Québec pourrait ne pas retourner à l'équilibre budgétaire comme prévu cette année.

«Nous ne contrôlons pas tout, a-t-il rappelé au cours du discours qu'il a prononcé devant le Conseil des relations internationales de Montréal. Les revenus sont moindres que prévu.»

La principale raison en est la trop faible inflation, aux dires du ministre. «C'est bon pour le pouvoir d'achat du consommateur, mais ça signifie des revenus plus faibles pour le gouvernement.»

La progression annuelle de l'indice des prix à la consommation n'était que de 0,8%, au Québec, en août. Dans son scénario économique d'avril, le ministre s'attendait à une augmentation des prix des biens et services produits ou importés au Québec (autre mesure de l'inflation) de 2,2% et à une croissance réelle de 1,3%, ce qui donne une augmentation de 3,6% de l'assiette fiscale.

Comme la croissance annuelle réelle est plutôt de 0,9% de juin à juin, l'assiette fiscale grossit au rythme de 1,7%.

«On va remettre à jour nos hypothèses et nos chiffres, et on va tirer les conclusions le moment venu, a indiqué le ministre. Le diagnostic complet, je ne l'ai pas encore. Nous n'allons poser aucun geste qui compromette la croissance.»

Des finances «enviables»

Durant son exposé, le ministre a néanmoins qualifié d'"enviable" l'état des finances publiques du Québec si on les compare à celles d'autres provinces ou d'autres pays occidentaux.

Il a insisté sur le fait que Québec a su contenir comme prévu à 1,9% la croissance de ses dépenses l'an dernier (il vise la même chose cette année). La gestion de la dette est aussi maîtrisée, grâce au plafonnement des dépenses d'infrastructures et à l'adoption de la loi anticorruption qui vise qu'on en ait «le maximum pour chaque dollar dépensé", soutient le ministre.

Le gros de son discours a toutefois consisté à titiller le parterre en évoquant les quatre grands axes de la nouvelle politique économique du gouvernement " Priorité à l'emploi " qui sera dévoilée en grande pompe lundi dans le grand atrium de l'édifice de la Caisse de dépôt et placement.

Il y sera question de favoriser l'investissement et de stimuler le secteur manufacturier, de relancer les exportations internationales, d'encourager la recherche et l'innovation et de concrétiser l'électrification des transports pour en faire un succès comparable à l'industrie du multimédia.