Malgré de bons résultats financiers, le Fonds de solidarité FTQ qui tenait son assemblée générale des actionnaires, hier, ne pouvait ignorer la tourmente que traverse le président du syndicat Michel Arsenault. Tout en vantant leurs résultats, les dirigeants ont tenté de rassurer les actionnaires.

Dans un discours, le président-directeur général du Fonds Yvon Bolduc a déclaré aux actionnaires réunis au Reine-Élizabeth à Montréal que le Fonds méritait leur confiance. Il a rappelé que les dirigeants n'ont pas attendu une enquête pour revoir les processus de gouvernance et renforcer le code d'éthique.

Si le Fonds veut montrer patte blanche, il demeure réticent à le faire devant une commission d'enquête. Le Fonds a déposé une requête le 19 septembre au nom de Michel Arsenault, notamment, pour empêcher la Commission Charbonneau de diffuser tout enregistrement d'employés de la FTQ capté par les policiers.

Michel Arsenault qui siège également comme président du conseil d'administration du Fonds avait été mis sous écoute par la Sûreté du Québec dans le cadre de l'opération Diligence visant à faire la lumière sur l'infiltration du crime organisé dans l'industrie de la construction.

M. Arsenault s'est dit, hier, très affecté par cet épisode. «Qui souhaite se faire écouter à son insu pendant un an ? Personne. Ça m'a profondément blessé, c'est comme un viol pour moi, a-t-il dit au cours d'une conférence de presse à la suite de l'assemblée. Qu'on ait soupçonné que je fasse partie des Hells Angels, je trouve que c'est charrier pas à peu près».

M. Arsenault  en a profité pour dénoncer le fait que des enquêteurs de la commission Charbonneau se sont présentés chez un employé du Fonds et ont tenté de l'influencer pour qu'ils discutent sans la présence d'avocats.

En matière d'éthique, M. Arsenault, qui a séjourné sur le luxueux bateau de l'entrepreneur Tony Accurso, n'a pas caché avoir subi des remontrances

Lors du congrès de la FTQ, en 2010. Cette même année, le syndicat s'est doté d'un code d'éthique, a-t-il rappelé.

«On n'avait pas de code d'éthique et ce que je dis souvent c'est 'autre temps, autres moeurs', s'est-il défendu. J'ai 62 ans et je me souviens d'une époque où pour avoir des journalistes dans une conférence de presse il fallait offrir des sandwichs et des bouteilles de vin».

M. Bolduc a reconnu que la gouvernance «n'était pas niveau» à certains endroits dans l'organisation. Au sujet de la commission Charbonneau, le PDG a indiqué que toute recommandation pour aider les entreprises et organisations financières à mettre un «paravent pour éviter une infiltration du crime organisée» sera considérée. «On va appliquer ce qu'on pourra appliquer».

Par ailleurs, M. Bolduc a également dénoncé l'intention du gouvernement fédéral d'abolir le crédit d'Impôt fonds de travailleurs. «Il y aura moins d'argent qui pourrait être investi dans les entreprises au Québec», a-t-il mis en garde. Le Fonds espère toujours convaincre Ottawa de revenir sur sa décision.

Quelques chiffres

• La valeur de l'Action du Fonds atteignait 27,98$ en date du 31 mai (une augmentation de 0,78$ depuis janvier 2013)

• Rendement du fonds de 5,3 %

• Le fond compte 615 664 actionnaires-épargnant et 2395 entreprises partenaires.

Syndicaliste ou voyous?

M. Arsenault n'a pas encore eu le temps de lire le livre Syndicaliste ou voyous? publié la semaine dernière et écrit par ses anciens confrères Richard Goyette et Jocelyn Dupuis, qui ont été à la tête de la FTQ-Construction. «Je n'ai pas de livre de chevet», a affirmé M. Arsenault ajoutant qu'il avait l'intention de lire éventuellement. Il a toutefois refusé de commenter les «dires» de M. Dupuis dans ce livre. M. Dupuis laissait entendre qu'un complot politique visait è se débarrasser de lui à la FTQ-Construction, car le syndicat était devenu trop puissant.