Pièce maîtresse du rapport D'Amours sur les retraites, «la rente de longévité» risque de plomber l'économie québécoise, a estimé jeudi l'ancien ministre libéral Claude Castonguay.

Aux yeux du «père de l'assurance maladie», les travailleurs québécois seraient mieux servis par un Régime complémentaire individuel de retraite (RCIR), plus facile à gérer, moins onéreux et dont les prestations seraient versées à l'âge de 65 ans, en sus de celles du Régime des rentes (RRQ).

À l'occasion des consultations particulières sur les recommandations du rapport, M. Castonguay s'est montré très critique envers le nouveau régime que recommande de mettre en place le groupe de travail présidé par Alban D'Amours pour assurer les «vieux jours» des retraités de 75 ans et plus.

«Ce n'est pas très généreux. C'est un régime à prestations déterminées et ça coûte cher cette garantie. Les frais d'administration seraient très élevés (...) Le grand problème des retraites, pour les années qui viennent, ce n'est pas uniquement à 75 ans qu'il se pose, c'est à compter de la retraite. Les gens devraient pouvoir recevoir une pension beaucoup plus tôt», a-t-il dit en point de presse avant de présenter son mémoire à titre personnel devant la commission parlementaire.

Selon lui, le fonds de 60 milliards $ sur 10 ans que devraient constituer les travailleurs et les employeurs pour la rente de longévité entraînerait une baisse de la consommation des ménages, mettant à risque la vigueur de l'économie.

«D'après le ministère des Finances, accumuler 60 milliards $ d'ici 10 ans ferait baisser la consommation des Québécois et ça aurait un effet négatif sur la croissance du PIB de 0,6 à 0,8%. Dans le moment, on est dans des taux de croissance du PIB de 1,5 ou 1,2%. La ponction porterait un coup très dur à l'économie», a-t-il soutenu.

Pour M. Castonguay, le rapport D'Amours se veut avant tout une opération de sauvetage des régimes à prestations déterminées dont profitent les fonctionnaires, employés municipaux, employés des universités et employés des secteurs publics et parapublics. Ces régimes sont certes généreux, mais fort coûteux.

«Un régime à prestations déterminées, c'est très bien, sauf que c'est un peu la Cadillac. Si on peut se payer une Ford ou une Buick, c'est peut-être mieux d'avoir ça que de ne rien avoir», a-t-il imagé.

Le Régime complémentaire individuel de retraite (RCIR) que préconise M. Castonguay serait financé exclusivement par les travailleurs qui le désirent à compter de l'âge de 35 ans. Les cotisants pourraient bénéficier de crédits d'impôt et tirer une rente provenant des fonds accumulés dans leur compte personnel à l'âge de la retraite à 65 ans.

«Les fonds accumulés pourraient être gérés par la Caisse de dépôt ou possiblement par un autre organisme pour ne pas tout mettre les oeufs dans le même panier, a-t-il précisé. Si vous sortez du concept des rentes garanties, et que vous trouvez les meilleures conditions, vous pouvez accumuler à un taux beaucoup plus élevé et c'est comme ça que le régime pourrait être plus intéressant pour les travailleurs. Il y a un petit élément de risque, mais si on veut donner des rentes qui ont du bon sens, faut aller dans cette voie à mon avis.»