Le fabricant de produits de salle de bains Maax a obtenu une injonction contre l'un de ses anciens représentants, qu'il accuse notamment d'avoir copié plus d'une centaine de fichiers délicats quelques jours avant d'annoncer son passage chez un concurrent.

Le représentant en question, Phil Agostino, domicilié à Laval, a officiellement annoncé sa démission à son supérieur chez Maax le 26 juin dernier, soit plus d'un mois après avoir reçu une première offre de la part d'un concurrent, Les Produits Neptune. Cette offre avait été égalée par Maax, qui croyait le dossier réglé.

Après sa démission, M. Agostino a rapidement remis à son ancien employeur le matériel en sa possession, notamment un téléphone intelligent BlackBerry Bold, un ordinateur portable, deux clés USB et un CD-DVD portant la mention «Backup May 2013».

Suspicieux, les dirigeants de Maax ont soumis ce matériel à l'analyse d'une firme de sécurité privée, Sirco.

Copie manquante

En scrutant l'ordinateur portable de M. Agostino, les enquêteurs de Sirco ont découvert les traces d'une copie réalisée deux semaines plus tôt, soit le 11 juin en matinée. C'était à peine trois jours avant que le supérieur de M. Agostino soit avisé par un client qu'il «faudrait que tu prennes soin de Phil [...]. Il aurait déjà été engagé par Neptune».

Selon le rapport de Sirco présenté par Maax, l'employé démissionnaire a alors copié sur un CD-DVD 138 fichiers, parmi lesquels se trouvaient des budgets, des listes de clients, des soumissions, des prévisions d'affaires, des listes de prix, des données détaillées sur le rendement de l'entreprise depuis 2010 et des informations sur les nouveaux produits.

Un deuxième CD-DVD, ne contenant cette fois que trois fichiers, a aussi été gravé quelques minutes plus tard.

Dans son rapport, Sirco explique que la fonction de gravure de disques de Windows crée une copie temporaire des fichiers dans un endroit précis du disque dur de l'ordinateur. Ces fichiers temporaires ne sont pas effacés une fois le disque gravé, à moins que l'utilisateur ne le fasse délibérément, ce que n'a pas fait M. Agostino.

Obtenir la liste précise des fichiers copiés devenait donc facile pour les enquêteurs de Sirco. Du coup, ceux-ci ont aussi pu constater que cette liste ne correspondait pas à celle des fichiers présents sur le disque «Backup May 2013» remis par M. Agostino.

«Ainsi, écrivent les avocats de Maax, tout porte à croire que le défenseur, qui était le seul utilisateur du portable, a fait une copie de toutes les données qui se retrouvaient sur le portable concernant la demanderesse en prévision de sa démission et en prévision de son nouvel emploi chez la mise en cause, un compétiteur direct de la demanderesse.»

Jointe hier par La Presse, l'avocate de M. Agostino et de son nouvel employeur, Me Julie Banville, n'a pas souhaité commenter le dossier, si ce n'est pour dire que son client contestait les faits qui lui sont reprochés par Maax.

En plus d'exiger qu'on lui remette les informations ainsi copiées, Maax demande à son ancien employé de respecter les clauses de non-concurrence prévues au contrat de travail qui les unissait.

Dans une décision provisoire rendue le 30 juillet et qui doit venir à échéance demain, la juge Marie Gaudreau, de la Cour supérieure, a donné raison à Maax.