Les municipalités québécoises ne risquent pas de connaître le triste sort de Detroit et de faire faillite. Toutefois, comme à Detroit, le déficit de leurs régimes de retraite est un problème important qui pèse lourd sur leurs finances.

«Par leur statut légal, les municipalités américaines peuvent faire faillite, ce qui n'est pas le cas du tout au Québec», a indiqué le directeur des politiques de l'Union des municipalités du Québec (UMQ), Jasmin Savard, dans une entrevue avec La Presse Affaires.

Il y a ici un encadrement plus serré, une surveillance des taux d'endettement. On n'est pas dans le même univers.»

Il ne faut toutefois pas minimiser le problème du déficit des régimes de retraite des employés municipaux au Québec.

«Ça reste un problème financier important, a affirmé M. Savard. Cette question doit être examinée.»

Déficit entre 5 et 9 milliards

Selon le mode de calcul en vigueur, le déficit de l'ensemble des régimes de retraite des municipalités atteint près de 5 milliards de dollars.

Or, le rapport D'Amours a proposé une nouvelle méthode de calcul pour les municipalités, harmonisée avec celle en vigueur pour le secteur privé. Selon cette méthode, le déficit se situerait plutôt entre 8 et 9 milliards.

«C'est le déficit de solvabilité: Si on prend pour hypothèse que les municipalités ferment demain matin et remboursent l'ensemble de leurs obligations, il faudrait qu'elles versent de 8 à 9 milliards de dollars, a affirmé M. Savard. Mais les municipalités ne sont pas soumises à cette hypothèse. Étant donné qu'elles ne ferment jamais, on fait plutôt le calcul entre l'actif et le passif.»

Les municipalités cherchent différentes façons de réduire le déficit des régimes de retraite. Comme ces régimes varient d'une municipalité à l'autre, il n'y a pas une seule solution qui pourrait fonctionner pour tout le monde.

Le poids du déficit est particulièrement élevé pour Montréal en raison de la maturité de ses régimes de retraite. En 2012, la Ville a versé 581 millions au chapitre des régimes de retraite, comparativement à seulement 198 millions en 2008.

Montréal a toutefois conclu une entente avec ses cols bleus en 2012 qui devrait lui permettre d'économiser 50 millions au cours des trois prochaines années. En vertu de cette nouvelle entente, la contribution des employés au régime passera de 30 à 45%, alors que celle de la Ville glissera de 70 à 55%.

Montréal espère que cette entente servira d'exemple au cours des négociations avec les autres catégories d'employés.

Granby a également conclu en décembre 2011 une entente avec différents groupes d'employés pour établir un nouveau partage des coûts et des risques.

Saguenay a conclu en mai dernier des ententes avec ses employés afin d'économiser 1,8 million annuellement au chapitre des régimes de retraite. Les nouveaux employés, à l'exception des policiers et des pompiers, devront dire adieu à la retraite sans pénalité actuarielle à 55 ans. Ils devront attendre l'âge de 60 ans.

À Québec, le maire Régis Labeaume travaille fort pour régler le déficit, qui atteindrait 730 millions. Il cherche notamment à faire passer l'âge de la retraite à 65 ans, sauf pour les policiers et les pompiers. Il a également demandé aux employés de verser 2% de leur salaire pendant 15 ans afin de combler 12% du déficit total.

M. Savard a indiqué que les municipalités ne voulaient pas régler le problème en taxant davantage les contribuables. Pour résorber le déficit actuel, il faudrait une augmentation de taxes de 5% par an au cours des prochaines années.

«Il n'y a pas de solution miracle, a lancé M. Savard. Comme dit la publicité, si ça existait, on l'aurait.»