De la pluie, de la pluie et encore de la pluie... Le mauvais temps du début de l'été a nui aux propriétaires de terrasses de Montréal. Les restaurateurs souhaitent maintenant que le beau temps des derniers jours soit la norme jusqu'à l'automne!

« Les journées de pluie, c'est difficile de gérer une terrasse, explique Paul Holder, propriétaire du Café du Nouveau Monde devant lequel se déploie une terrasse de 160 places. La logistique de rentrer rapidement 125 couverts, c'est du sport. Les jours où il y a plus de 30% de probabilité de pluie, on se retient pour servir la nourriture dehors. »

« L'an dernier, c'était beau et doux, se souvient Pierre Jean, maître d'hôtel du restaurant Le Valois, qui compte 150 places extérieures. Cette fois, après un mois de mai à oublier, il a fait très chaud avec des averses intenses. »

Pierre Jean estime à 40% la baisse de son chiffre d'affaires, de mai à juillet. « J'engage 10 employés supplémentaires pendant la période estivale, mentionne-t-il. J'ai de la misère à les faire travailler. »

« Il y a le mauvais temps, mais quand il fait 36 degrés avec le facteur humidex, ça n'aide pas non plus, ajoute Dominique Tremblay, porte-parole de l'Association des restaurateurs du Québec (ARQ). Les gens restent à l'air conditionné. »

L'ARQ note que les intempéries s'ajoutent à un climat encore difficile pour les restaurateurs. « Le contexte économique actuel n'est pas bon pour la restauration, soutient Dominique Tremblay. Les gens coupent encore dans leurs dépenses. Celles des loisirs passent en dernier dans un budget, et c'est surtout la restauration avec service complet qui écope. »

Selon Statistique Canada, les ventes de restauration service complet étaient de 4 milliards, au Canada en 2012. Elles se maintiennent après une chute en 2009 de 4%. Et celles des restaurants à service restreint, qui s'établissaient à 2,7 milliards en 2012, ont augmenté de 7% depuis 2008.

La saison est jeune

En attendant, les propriétaires de restaurants avec terrasse interviewés par La Presse Affaires restent optimistes quant à leur chiffre d'affaires estival, en cette période la plus importante de l'année pour eux.

« Ce ne sera pas notre meilleure année, dit Jean Marc Lavoie, directeur général de Jardin Nelson aux 400 places extérieures dans le Vieux-Montréal. Mais c'est très tôt pour faire un bilan. Pour le moment, on serait légèrement en recul par rapport à l'an dernier. Mais on touche du bois, car dès qu'il fait beau, tant la clientèle locale que touristique est au rendez-vous. »

« Les dieux ne nous ont pas servi un temps formidable, mais l'achalandage est satisfaisant jusqu'à présent », estime quant à lui Paul Holder.

Cuisine de rue

La présence des camions de cuisine de rue, en projet-pilote depuis le 20 juin (et jusqu'au 29 septembre), aurait moins d'incidence que Dame Nature sur le chiffre d'affaires des restaurants. « Les restaurateurs craignaient l'arrivée des camions de cuisine de rue, souligne Dominique Tremblay. Mais depuis juin, on n'a pas de plaintes. Comme ils doivent s'établir dans des lieux spécifiques, ça a aidé à calmer les inquiétudes.

« La seule chose dérangeante pour les restaurateurs, c'est que les camions n'ont pas l'obligation d'avoir de Module d'enregistrement des ventes [le MEV qui rend difficile l'évasion fiscale], ajoute-t-elle. Alors que ça coûte de 3000 à 4000$ pour l'installer. »

Les dirigeants des Valois, Café du Nouveau Monde et Jardin Nelson disent ne pas être contre la présence de camions de cuisine de rue dans la ville. « Je ne m'y oppose pas, dans la mesure où ça n'affecte pas ceux qui payent des taxes et permis, dit Paul Holder. Ça ne doit pas déranger les commerces installés. »

« Ces camions, c'est un plus pour Montréal, poursuit Jean Marc Lavoie. Ça fait le cachet de New York et de bien d'autres villes. Cela dit, c'est sain que tout le monde déclare ses ventes [grâce au MEV]. Les feux d'artifice attirent de 30 000 à 40 000 personnes chaque soir de présentation. Il y a donc besoin de restaurateurs dans le Vieux-Port. Mais sur la place Jacques-Cartier, les taxes sont élevées, l'entretien des bâtiments et le chauffage coûtent cher. Comme beaucoup de restaurateurs de la place Jacques-Cartier arrivent difficilement, ce serait outrageux que des camions s'y installent. »

------------------

4 milliards

Ventes (en dollars) des restaurants à service complet au Canada

2,7 milliards

Ventes des restaurants à service restreint au Canada

Source: Statistique Canada, 2012