Les libéraux estiment que le gouvernement a effectué une nomination partisane à la tête d'Investissement Québec afin de promouvoir son projet critiqué de Banque de développement économique.

Le député libéral Sam Hamad a affirmé jeudi que la nomination de Jean-Claude Scraire, comme président du conseil d'administration d'IQ, s'inscrit dans la stratégie des péquistes.

«C'est des intérêts partisans, plus particulièrement la Banque de développement, a-t-il dit en entrevue. (...) Ils sont en train de paqueter le conseil pour mettre du monde qui vont aller dans cette direction.»

Le mois dernier, le président et chef de la direction d'IQ, Jacques Daoust, a été remplacé par Mario Albert. M. Hamad avait alors perçu ce changement comme la conséquence des critiques de M. Daoust envers le projet péquiste de Banque de développement économique.

M. Hamad n'a pas remis en question les compétences de M. Scraire, un ancien directeur général de la Caisse de dépôt et placement du Québec de 1995 à 2002, dont la nomination par le conseil des ministres à IQ a été annoncée mercredi.

Le député libéral croit cependant que cette nomination traduit les intentions du gouvernement, qui souhaite aller de l'avant avec son projet de Banque de développement malgré le refus de l'opposition, qui a bloqué le projet de loi qui devait permettre de concrétiser cette nouvelle institution.

«Après le congédiement de M. Daoust, ce gouvernement revient à la charge pour mettre en place du monde qui vont suivre ses politiques pour mettre en place la Banque de développement, a-t-il dit. Et c'est exactement la stratégie de mettre quelqu'un qui va les aider avec ça malgré le fait que les deux oppositions ont déclaré officiellement qu'on va voter contre ce projet de loi.»

Le projet de Banque de développement économique avait pour objectif de regrouper Investissement Québec et des activités du ministère des Finances.

Le député de la Coalition avenir Québec Stéphane Le Bouyonnec a été plus modéré dans ses commentaires. Selon M. Le Bouyonnec, même si M. Scraire est proche du Parti québécois, sa nomination ne peut être considérée comme un choix partisan, étant donné ses compétences et son expérience à la CDPQ.

Le député caquiste a notamment rappelé que M. Scraire dirigeait la société d'État au moment où elle a participé à l'acquisition de Vidéotron par Québecor.

«Il a eu un règne où il y a eu des plus et des moins, a-t-il dit. C'est toujours difficile de juger si ç'a été un excellent ou un bon, ou etc, gestionnaire de la Caisse de dépôt, a-t-il dit. Il a quand même fait des bonnes choses pendant qu'il y était.»

Le député caquiste croit que M. Scraire pourrait être chargé de paver la voie qui permettrait au gouvernement de mettre en place sa Banque en procédant par décrets du conseil des ministres sans recourir à un projet de loi.

«C'est quand même un homme de calibre, il va être capable d'imprimer une nouvelle dynamique à IQ, a-t-il dit. (...) Ce qu'on entend à travers les branches, c'est qu'ils tenteraient peut-être de faire un genre de Banque de développement par décret, sans revenir devant l'Assemblée nationale et c'est fort possible que M. Scraire ait un mandat.»

À Montréal, la première ministre Pauline Marois a établi un parallèle entre le choix de M. Scraire et celui de M. Albert.

«Nous croyons que la venue de M. Scraire va compléter cette équipe remarquable qui prend la relève, même si celle qui l'a précédé a fort bien fait son travail», a-t-elle dit.