La paralysie complète des chantiers de construction coûtera cher à l'économie du Québec, d'autant plus qu'elle survient à un moment de l'année où l'activité est la plus intense.

Combien? C'est difficile à calculer avec précision, mais chaque jour qui passe entraîne des pertes de plusieurs dizaines de millions, estiment tous les intervenants interrogés hier.

Même si le retard dans les travaux finira par être rattrapé, l'activité économique qui n'a pas lieu est une perte réelle, explique Norma Kozhaya, économiste du Conseil du patronat.

«La façon la plus simple d'estimer le coût de la grève pour l'économie, c'est de considérer les salaires perdus par les travailleurs», précise-t-elle.

Les entreprises, de leur côté, ont des frais fixes qui continuent de courir même si les travaux sont stoppés sur leurs chantiers. Les sous-traitants de ces entrepreneurs sont également touchés, de même que les fournisseurs de matériaux et d'équipements.

Hier le maire de Québec, Régis Labeaume, a estimé que le conflit coûte 200 000$ par jour à la Ville de Québec, qui construit un amphithéâtre de 400 millions de dollars.

Si le conflit se prolonge, les pertes risquent d'exploser pour certaines entreprises. C'est le cas d'Hydro-Québec, dont les centrales en construction ne produiront pas d'électricité à la date prévue, ce qui se traduira par un manque à gagner important.

Hydro-Québec a plusieurs centaines de chantiers actifs, certains modestes et certains gigantesques, comme la construction du complexe La Romaine, sur la Côte-Nord.

Il y a actuellement pour 50 milliards de travaux en cours sur le territoire du Québec. Les régions qui subiront les pertes les plus importantes sont celles qui ont le plus grand nombre de chantiers actifs, soit Montréal (22,7 milliards), la Côte-Nord (12,6 milliards) et Québec (7,8 milliards). Voici un aperçu des pertes par jour :

30 millions en salaires

Les travailleurs de la construction se partagent 6,2 milliards en salaires par année. Le conflit leur coûte un total de 30 millions pour chaque jour de travail perdu, estime l'économiste du Conseil du patronat, Norma Kozhaya.

12 millions en frais généraux

Les entrepreneurs doivent assumer des frais fixes qui continuent de courir même si l'activité a cessé sur leurs chantiers. Le coût des équipements comme les grues ou les roulottes, les salaires des gestionnaires de projets et autres employés représentent environ 5% de la valeur des travaux, selon Jean Paradis, président de l'Institut canadien des économistes en construction.

8 millions en matériaux

Le printemps et le début de l'été sont les périodes les plus fastes de l'année pour les quincailleries et les centres de rénovation qui réalisent alors 40% de leurs ventes annuelles de 6 milliards. Le président et chef de la direction de l'Association québécoise de la quincaillerie et des matériaux de construction, Richard Darveau, estime que 40% de ces ventes saisonnières sont faites aux professionnels de la construction, ce qui veut dire des pertes potentielles d'une dizaine de millions par jour de conflit dans les magasins spécialisés.