Pour obtenir une subvention du gouvernement du Québec, tous les événements touristiques doivent fournir leurs données d'achalandage vérifiées par une firme indépendante. Tous, sauf peut-être le Grand Prix de Formule 1 du Canada, pour lequel Tourisme Québec refuse d'indiquer s'il obtient ou non les données et si elles sont vérifiées par une firme indépendante.

Dans ses programmes réguliers de subvention, Tourisme Québec exige des promoteurs de festivals et d'événements touristiques leurs données d'achalandage et sur la provenance de leurs visiteurs, des informations qui doivent être produites par une firme indépendante. «Le promoteur n'a pas le choix de faire appel à une firme indépendante», indique Guy Simard, porte-parole de Tourisme Québec.

Le Grand Prix du Canada n'a pas à se conformer à cette règle, car sa subvention n'est pas octroyée par l'entremise du programme régulier de subventions de Tourisme Québec, mais en vertu d'une entente individuelle entre le gouvernement du Québec (conjointement avec Ottawa, la Ville de Montréal et Tourisme Montréal) et Formula One Management, l'entreprise dirigée par Bernie Ecclestone, qui est propriétaire des Grands Prix de F1.

Tourisme Québec, qui gère cette entente pour le gouvernement, ne veut pas confirmer à La Presse si l'organisme reçoit les données d'achalandage du Grand Prix en vertu de l'entente avec Formula One Management, invoquant les négociations actuelles pour renouveler l'entente.

Groupe de course Octane, le promoteur local du Grand Prix du Canada, n'a pas indiqué à La Presse si ses données d'achalandage étaient vérifiées ou non par une firme indépendante. Au contraire de l'ancien promoteur Normand Legault, l'entreprise du promoteur François Dumontier (Groupe de course Octane) ne donne pas le nombre précis de spectateurs, mais seulement une estimation de la foule du Grand Prix. Par exemple, 285 000 spectateurs en 2012. Interrogé par La Presse sur le nombre de spectateurs au Grand Prix, Tourisme Québec a donné la même estimation que celle de Groupe de course Octane.

Une étude «encore valable», mais «imparfaite»

Avant d'octroyer une subvention de 5 millions de dollars par année au Grand Prix du Canada, le gouvernement du Québec a réalisé en 2009 une étude établissant les retombées économiques de l'événement à 89,3 millions par année pour l'économie du Québec.

Dans son édition de jeudi, La Presse révélait qu'une étude effectuée pour le Grand Prix d'Australie, un événement touristique similaire au GP du Canada, conclut plutôt à des retombées de 36,2 millions CAN pour l'économie de l'État de Victoria, où est située Melbourne.

Le ministre des Finances, Nicolas Marceau, estime qu'on ne peut comparer le Québec à l'Australie qui, selon lui, attire moins de touristes étrangers en raison de son isolement géographique. Il ne se prononce pas sur l'étude australienne, qu'il n'a pas lue, mais il «ne trouve pas que l'étude [de Québec] manque de rigueur».

«Je connais toute la rigueur des économistes du Ministère, a-t-il dit à La Presse. Cela dit, il n'y a pas d'étude parfaite. Il y aura toujours moyen d'améliorer les méthodes de calcul, d'avoir des données plus détaillées et plus récentes. On est à mesurer si le Grand Prix est très, très, très, très rentable ou bien très, très, très rentable. C'est une évidence pour moi que le Grand Prix est très rentable.»

Le ministre Marceau a l'intention de mettre l'étude à jour «éventuellement», mais pas avant de renouveler l'entente avec Formula One Management qui se termine en 2014. «L'opinion des gens au Ministère, c'est que les résultats [actuels] sont encore valables et nous permettent de prendre une décision éclairée», dit le ministre, qui n'a pas l'intention de rendre l'étude publique.

Québec paie actuellement 5 millions par année pour le Grand Prix, mais reçoit des redevances sur la vente des billets (966 037 $ en 2012). Ensemble, les trois ordres de gouvernement paient 15 millions par année à l'entreprise dirigée par Bernie Ecclestone.