Le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, veut canaliser l'aide aux entreprises vers les sociétés créatrices d'emplois à valeur ajoutée, qui versent des salaires supérieurs à la moyenne provinciale.

«Il faut réaménager les milliards de crédits d'impôt qu'on donne aux entreprises pour qu'ils aillent vers les entreprises à forte valeur ajoutée», a déclaré le chef de la CAQ devant les membres de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Le but est de stimuler l'investissement privé non résidentiel, domaine où le Québec ne récolte que 12% des investissements faits au Canada, alors que la part de sa population est de 23%.

François Legault était invité à présenter son Projet Saint-Laurent, qui ambitionne de faire de la vallée du Saint-Laurent une vallée de l'innovation.

«On ne peut pas mettre toutes les entreprises dans le même sac. Il y a des entreprises qui sont plus importantes pour l'avenir du Québec que d'autres», a précisé M. Legault aux journalistes au cours de la conférence de presse qui a suivi son allocution.

«On ne devrait pas aider les entreprises qui donnent 10 ou 15$ l'heure, sauf exception. On devrait aider les entreprises qui ont des employés de 20, 25$ l'heure et plus.»

Le salaire horaire moyen tourne autour de 20$, en 2012, selon l'Institut de la statistique du Québec.

M. Legault aurait ainsi tout fait pour garder à L'Assomption l'usine Electrolux - 1300 postes à 25$ l'heure, a-t-il précisé. L'État du Tennessee a offert 90 millions pour délocaliser avec succès l'usine vers Memphis.

«Les travailleurs paient des impôts au gouvernement du Québec sur la différence entre 25$ et 15$, a expliqué le chef de la CAQ. Demain matin, on donne une subvention qui est inférieure aux retombées fiscales, on est gagnant. C'est comme ça qu'il faut commencer à calculer nos affaires quand on aide les entreprises.»

L'ancien président de Transat se dit inquiet de l'avenir du secteur manufacturier au Québec. Il a donné l'exemple du fabricant de structures d'acier ADF, de Terrebonne, qui va installer une nouvelle usine au Montana. «Je trouve ça très inquiétant que les États américains soient beaucoup plus agressifs que le Québec pour attirer les emplois payants du secteur manufacturier.»

Les crédits seront revus

S'il y a des gagnants avec le Projet Saint-Laurent, il y aura aussi des perdants. Les modalités des crédits d'impôt en recherche et développement (R-D) seront revues dans le cadre du Projet Saint-Laurent.

«J'ai annoncé aujourd'hui [hier] qu'on va réaménager 780 millions de crédits d'impôt en recherche et développement.»

Sous un gouvernement caquiste, les dépenses d'équipements de pointe et de brevets seront considérées comme des dépenses admissibles. Les projets seront évalués en fonction de leurs retombées, et pas uniquement en fonction des coûts. Un volet commercialisation sera ajouté.

François Legault veut créer un parc technologique dans l'est de Montréal sur les terrains de 840 hectares des anciennes raffineries qui sont à décontaminer. «Le coût estimé de 500 millions de dollars de la décontamination est inférieur à la valeur marchande des terrains, une fois ceux-ci décontaminés, et ce coût sera partagé entre des partenaires publics et privés», a-t-il expliqué.

Il veut aussi redonner accès aux berges du Saint-Laurent aux Montréalais, mais s'est bien gardé de dire s'il allait déloger le port de Montréal pour y parvenir.

D'autres annonces concernant le Projet Saint-Laurent sont attendues dans les prochaines semaines. Un livre paraîtra sur le sujet en octobre, a-t-il annoncé au quotidien Le Soleil en fin de semaine.