Le français sera la langue de travail du futur gouvernement régional de la Baie-James, mais celui-ci aura l'obligation de traduire les documents en cri ou en anglais, stipule le projet de loi créant le nouveau gouvernement régional, déposé récemment.

Le projet de loi 42 donne naissance aux institutions prévues dans l'Entente sur la gouvernance dans le territoire d'Eeyou Istchee Baie-James, qui a été signée le 24 juillet 2012 entre le Grand Conseil des Cris et le gouvernement du Québec.

Le gouvernement remplace la Municipalité de Baie-James (MBJ), une institution 100 % jamésienne dont étaient exclus les Cris. Les Jamésiens sont les habitants non autochtones de la Baie-James.

La population d'environ 30 000 personnes est actuellement partagée à parts égales entre Cris et Jamésiens sur le territoire de la Baie-James. Compte tenu de la jeunesse de leur population, les Cris deviendront rapidement majoritaires. Ils parlent anglais pour la plupart. Et ils parlent cri, évidemment. Dans les villages cris plus au sud, comme Ouje et Mistissini, une minorité de Cris parle français.

Le projet de loi reste muet sur les articles 108 et 109 du texte officiel de l'entente qui donnaient le français et l'anglais comme langues de travail dans le Nord. L'entente parlait du français et du cri comme « langues principales » du futur gouvernement, un concept qui n'est pas défini dans la loi 101.

Ces dispositions paraissaient en contradiction avec la Charte de la langue française qui stipule que le français reste la langue de travail au Québec, même dans les municipalités dites bilingues.

Dans le projet de loi 42, l'article 36 est le seul à traiter de la question de la langue du futur gouvernement régional.

Il y est stipulé que le gouvernement régional doit, au besoin, traduire les textes en cri ou en anglais. Le deuxième alinéa vient préciser que cette obligation de traduire « ne doit pas être interprétée comme autorisant une atteinte au droit de travailler en français au sein du gouvernement régional, en conformité avec les dispositions de la Charte de la langue française. »

Le libellé de l'article 36 déçoit le président du Mouvement impératif français, Jean-Paul Perreault. « Dans la Charte de la langue française, il n'y a aucune obligation de traduire les documents en anglais, même au sein de municipalités à statut bilingue, soutient-il. La Charte accepte que dans les municipalités à statut bilingue, on puisse traduire en anglais, mais il n'y a pas d'obligation. »

M. Perreault souhaite que la traduction des documents se fasse uniquement en langue crie et que la loi 101 s'applique intégralement dans le Nord comme ailleurs sur le territoire du Québec.