La PME montréalaise Oblique FX a fait des effets spéciaux pour des films comme Louis Cyr, On the Road, 300 et The Aviator. Mais Fondaction accuse des ex-actionnaires d'avoir aussi embelli la réalité dans les prévisions financières de l'entreprise avant de lui vendre leurs parts. Un litige de 1 million de dollars qui illustre bien le caractère «volatil» de l'industrie des effets spéciaux, où la perte ou le report de contrats pèse lourd sur les finances d'un studio.

Le fonds de travailleurs de la CSN poursuit trois ex-actionnaires d'Oblique FX, soit Ace Martin, Raphaël Hubert et Jean-Philippe Langevin, pour 1 million. Fondaction allègue qu'ils lui ont fait des «fausses représentations» sur les finances de l'entreprise avant de lui vendre leurs parts en mai 2011.

Selon Fondaction, le chiffre d'affaires, les profits et le fonds de roulement d'Oblique FX ont «fondu» dans les mois suivant la transaction, au contraire des prévisions qui lui avaient été présentées avant la transaction. Sans ces «fausses représentations», le fonds de travailleurs estime que son bloc de 40% des actions d'Oblique FX aurait valu 175 000$ plutôt que le prix payé de 1 million. Fondaction demande aussi 150 000$ pour perte de temps et inconvénients dans la poursuite déposée la semaine dernière à la Cour supérieure.

Ace Martin, Raphaël Hubert et Jean-Philippe Langevin, trois financiers montréalais, nient vigoureusement ces allégations. «Ils n'ont rien à se reprocher. Ils ont beaucoup d'expérience dans le milieu des affaires, ils ont agi comme des professionnels et ils réservent leurs recours pour protéger leur réputation», dit leur avocat, Me Jean-Philippe Groleau.

En juillet 2011, deux mois après la vente des actions, la prévision du chiffre d'affaires d'Oblique FX est passée de 4,5 millions à 2,7 millions en raison de la perte ou du report de contrats, notamment Snow White, Atlantis et Ésimésac. Avant la transaction, les actionnaires avaient fait parvenir à Fondaction une liste de huit projets où Oblique FX avait bon espoir de remporter un contrat. Un projet a été annulé, deux autres ont été réalisés pour des montants inférieurs aux prévisions, deux projets ont été réalisés comme prévu (dont un pour un montant supérieur) et le sort des trois derniers n'est pas connu.

«[Fondaction essaie de] faire payer [aux ex-actionnaires] les résultats décevants obtenus par Oblique FX depuis son acquisition», a écrit l'avocat des ex-actionnaires dans une réponse à une mise en demeure en mars 2012.

Raphaël Hubert, chef des finances d'Oblique FX jusqu'en septembre 2011, détient toujours 30% des actions du studio d'effets spéciaux.

Son président Benoit Brière (qui n'est pas visé par la poursuite) détient 30% et Fondaction, 40%. Fondée en 2008, Oblique FX, qui compte environ 40 employés, a réalisé notamment une partie des effets spéciaux du film québécois Louis Cyr, qui sortira en juillet.

Fondaction et Oblique FX n'ont pas commenté la poursuite jeudi.