Loto-Québec a obtenu la permission du gouvernement du Québec de servir de l'alcool aux tables de jeu et devant les machines à sous. Jusqu'à présent, la consommation était limitée aux bars et restaurants de ses casinos.

«C'est vraiment une demande de notre clientèle depuis plusieurs années», s'est justifié Gérard Bibeau, au cours de sa première allocution publique depuis sa nomination comme président et chef de la direction de Loto-Québec. Il a parlé à un dîner organisé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Avec cette libéralisation, Loto-Québec considère qu'elle fera jeu égal avec les 80 maisons de jeu concurrentes qui sont situées dans un rayon de sept heures de route à partir du casino de l'île Notre-Dame.

«Il faut savoir que nous exploitons les seuls casinos en Amérique à prohiber la consommation d'alcool dans les aires de jeu. Sur le continent, plusieurs casinos offrent même gratuitement - et à volonté - l'alcool dans les aires de jeu», a-t-il ajouté.

Toutefois, M. Bibeau ne savait pas quand la consommation aux tables pourra commencer. Québec doit modifier son règlement. Le patron se croise les doigts pour que tout soit en vigueur d'ici octobre prochain pour le 20e anniversaire du Casino de Montréal, qui s'est refait une beauté après un peu moins de cinq ans de travaux qui auront coûté 305 millions de dollars.

Cette mesure inquiète le directeur de la Maison Jean-Lapointe, qui vient en aide aux gens ayant une dépendance à l'égard des drogues et de l'alcool. «Ça peut avoir un effet pervers au niveau du jeu pour la clientèle qui est en difficulté», pense Rodrigue Paré, qui était assis à la table d'honneur en compagnie de M. Bibeau.

2000 sites de jeu illégaux

Par ailleurs, le gouvernement du Québec a mandaté un comité d'experts pour lui soumettre des pistes de solution d'ici la fin de l'année pour endiguer le jeu illégal. «Nous savons que le ministre des Finances souhaite mettre en place des mesures concrètes dès que possible», a dit M. Bibeau, dans son allocution devant la Chambre de commerce.

En commission parlementaire en février, le ministre des Finances et de l'Économie, Nicolas Marceau, avait évoqué l'idée de bloquer les sites internet illégaux, donc tous les sites de jeu, sauf celui de Loto-Québec, en vertu de l'article 207 du Code criminel. Il avait souligné que l'Italie, la Belgique, le Danemark, la France, l'Espagne et la Hongrie, entre autres, avaient mis en place le cadre légal leur permettant de bloquer les sites illégaux.

La part de marché des sites illégaux est passée de 17,1% à 31,8%, entre 2002 et 2009.

23 millions

Chaque augmentation d'un point de pourcentage de fréquentation des casinos par les Québécois adultes se traduit par des revenus additionnels de 23 millions dans les coffres de Loto-Québec. En Amérique, la part de marché des casinos est de 25%. Au Québec, elle n'était que de 21%. Pis, elle a glissé à 17% au cours des dernières années.

La société d'État espère augmenter la rentabilité de ses quatre casinos de 40 millions en 2013-2014 et de 70 millions l'année suivante. Ces prévisions reposent sur une augmentation du taux de fréquentation de la population locale d'environ 3 points de pourcentage.

«Rendus à ces niveaux-là, nos frais fixes sont couverts. C'est presque du profit net quand on augmente la fréquentation de 1%», a indiqué M. Bibeau, en point de presse après son allocution.