Après le Laurier 1936, cette semaine, et L'Eau à la bouche, auparavant, trois autres établissements ont fermé leurs portes dans les dernières semaines et d'autres ont fait ou sont sur le point de faire une proposition à leurs créanciers.

Dans certains des cas recensés, l'établissement ferme après moins d'un an d'activité.

«Ça met en relief les difficultés de l'industrie à assurer une rentabilité, dit François Meunier, porte-parole de l'Association des restaurateurs du Québec. Le profit net avant impôt n'arrête pas de s'éroder depuis quatre ou cinq ans pour les restaurants avec service aux tables. En 2011, il se chiffrait à 2,6%.»

«Il y a beaucoup de restaurants qui ferment et qui font faillite, croyez-moi», dit M. George Tzicas, de Serpone Syndic de faillite. Les faillites de restaurants enregistrent une hausse annuelle de 2% en 2012, pour 250 dépôts de bilan dans l'année. En janvier 2013, on a compté 25 faillites, le même nombre qu'en janvier 2012.

«Au Québec, tout le monde en arrache, témoigne Denis Richard, directeur général d'Imvescor, franchiseur des bannières Mikes, Scores et Bâton Rouge. Quand tu vois une annonce à 5,95$ pour manger du Saint-Hubert, c'est un signe qu'ils veulent augmenter l'achalandage.»

DES FERMETURES

Le Laurier 1936

381, av. Laurier Ouest, Montréal

Selon le registre des entreprises, ce sont Stephen Schiller et Danny Lavy qui sont propriétaires de la rôtisserie. Fondée par la famille Laporte en 1936, la Rôtisserie Laurier a vendu l'établissement à un groupe d'investisseurs en 2010. Par la suite, les investisseurs se sont associés avec le chef vedette Gordon Ramsay. Ce partenariat a pris fin abruptement en février 2012, six mois après la réouverture.

L'Eau à la bouche

3003, boul. Sainte-Adèle, Sainte-Adèle

Table renommée des Laurentides en exploitation depuis 34 ans, l'établissement a cessé ses activités. Interrogé par La Presse, le copropriétaire Pierre Audette affirme que les Américains se faisaient moins nombreux dans les Laurentides avec la parité des monnaies et que les Québécois préfèrent voyager dans le Sud. André Allard est le syndic. Le montant des dettes s'élève à 2,3 millions et l'actif vaut 1,8 million.

Scores de Sainte-Rose

699, boul. Curé-Labelle, à Laval

Le Scores de Sainte-Rose est fermé. «Un problème d'exploitant», selon le franchiseur Denis Richard. Ses propriétaires, MM. Roumiliotis et Manellopoulos, ont déposé un avis d'intention à leurs créanciers en vertu de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité, le 3 avril dernier. Le passif se chiffre à 258 000$ et l'actif, à 110 000$. André Allard agit à titre de syndic ou d'administrateur au dossier. «Je ne serais pas surpris que le restaurant de Sainte-Rose rouvre assez vite avec un nouveau franchisé en place», dit Denis Richard.

Le Murphy Boire

1249, av. Bernard, Outremont

Le Murphy Boire&Manger, anciennement La Moulerie, n'a pas tenu un an. Ouverte en octobre dernier, la table du chef Ian Perreault et de la famille Thibodeau a déposé un avis d'intention à ses créanciers le 28 mars. Le téléphone de l'établissement a été débranché. Le passif dépasse les 2 millions de dollars. Le syndic est Sébastien Iannetello.

EN DIFFICULTÉ

Barbie's Resto Bar Grill

C'est le cas des Barbie's de Saint-Léonard, Laval et Brossard, appartenant à Spiro Christopoulos, qui est aussi le franchiseur des Barbie's au Québec. «La proposition suit son cours, mais les restaurants continuent de servir les clients», insiste-t-il. Les créanciers se prononceront au début mai, précise le syndic Robert Takash. Les trois établissements emploient 130 personnes. M. Christopoulos, qui est aussi le franchiseur, indique qu'un nouveau restaurant Barbie's verra le jour à Beloeil sous peu.

Le Douze Vingt et Un

1221, boul. René-Lévesque Ouest, Montréal

Face au Centre Bell, le steakhouse qui a pris la relève de La Queue de cheval fermera ses portes à la fin du mois, selon The Gazette, moins d'un an après son ouverture. Michael Dickey, vice-président du Groupe Essaris, n'a pas rappelé La Presse. Le steakhouse cédera sa place à un brew pub de luxe, le Bier Markt, qui nécessitera des investissements de 4 millions.

Bâton Rouge

3035, boul. Le Carrefour, Laval

C'est un restaurant extrêmement profitable, qui a 7 millions de chiffre d'affaires, assure Denis Richard. Cependant, les franchisés ont misé et perdu sur un montage financier risqué. Ils sont sous la protection de la Loi sur la faillite depuis la mi-décembre. Les dettes dépassent 1,7 million. «Ils vont faire une proposition de redressement qui sera sans doute acceptée par les créanciers. Ils ont trouvé un nouveau partenaire financier», dit, confiant, M. Richard.

L'Aromate Resto-Bar

«Je peux vous démentir tout ce que vous allez me dire sur les problèmes financiers du groupe L'Aromate. Tout va bien. Tous nos restaurants sont ouverts», répond un responsable, agacé, au restaurant du centre-ville de Montréal. Commentaire similaire à l'établissement de Laval.

Pourtant, une source bien au fait de la situation des restaurants de la région de Montréal indique que les fournisseurs de l'établissement du boulevard Saint-Martin exigent d'être payés en espèces à la réception de la marchandise.

Copropriétaire des restos L'Aromate, le chef vedette Jean-François Plante est en vacances. L'Aromate a fait une proposition aux créanciers de son restaurant Là! Grill Lounge par L'Aromate de Rosemère, en février 2012. Le syndic était André Allard. Un mois plus tôt, la CIBC et la BDC (Banque de développement du Canada) saisissaient son restaurant Plaisirs coupables, selon le journal Les Affaires.