L'immense campus Merk le long de la métropolitaine à Kirkland vit ses derniers jours. Le dernier employé de la grande pharmaceutique quittera d'ici la fin de l'année.

Le site passera bientôt aux mains des promoteurs Broccolini et Magil Laurentienne qui ambitionnent de transformer le campus de 2 millions de pieds carrés en un parc multi entreprises.

Les prochains maîtres des lieux ont invité les médias à faire le tour du propriétaire mardi matin. L'ambiance était triste malgré la bonne humeur des hôtes de Paul Jussaume, de Magil Laurentienne, et Paul Broccolini.

En déambulant dans les longs corridors vides, on ne pouvait s'empêcher d'imaginer à quoi pouvait ressembler la vie pendant les années de gloire de ce qui a été le joyau de l'industrie du médicament d'origine à Montréal.

Le campus Merk était l'un des rares centres privés de recherche à Montréal où on y effectuait de la recherche fondamentale, et pas juste de la recherche clinique.

C'est dans ces murs où ont été développés le Singulair, contre l'asthme, le Arcoxia, contre l'arthrite, et le Vioxx, médicament vedette avant son retrait du marché le 30 septembre 2004 à la suite d'accidents cardiovasculaires chez certains patients.

Au moment de son retrait, sur l'ensemble des personnes arthritiques traitées dans le monde, une sur quatre prenait du Vioxx.

Cette année-là, Merk dépensait 120 millions de dollars en R&D au Canada, en grande partie à ses installations de Kirkland.

«Quand j'ai commencé à travailler ici, il y avait 2000 personnes, nous a dit le gardien à l'entrée. Maintenant, il n'y en a plus que 400 personnes, un peu de Merk et beaucoup de contractants», ajoute-t-il.

Les contractants sont des entreprises de recherche qui ont pris la relève à la suite de l'externalisation des fonctions de recherche de la part des grandes pharmaceutiques, autrefois intégrées.

Le campus grouillant de chercheurs de jadis a aujourd'hui des allures de ville fantôme.

Pas pour longtemps, espèrent ses repreneurs. Ils ont hâte de faire découvrir aux locataires potentiels le campus qu'ils ont rebaptisé Quartier Évolution.

Les bâtiments, construits en 19 phases au fil des ans et toujours selon les normes de l'industrie pharmaceutique, sont impeccables, prêts à être occupés dans un court délai.

«Au prix que nous achetons le campus, nous pouvons offrir des locaux à des prix très concurrentiels», a confié Paul Broccolini, vice-président exécutif, qui n'a pas voulu dévoiler le prix de la transaction qui devrait se conclure dans les prochaines semaines.

Le site compte un million de pieds carrés de plancher, érigés sur un terrain qui en fait le double, soit deux fois la superficie de l'ancien centre de tri postal dans Griffintown, qui fait place au projet de 1800 logements des Bassins du Havre.

Jusqu'à 4000 cases de stationnement

L'ancien campus Merk se divise en trois: des bureaux (350 000 pieds carrés) en façade de l'autoroute qui devraient trouver rapidement preneur; un centre R&D  (300 000 pi2) à l'est du site; et une usine de transformation (400 000 pi2), en retrait.

Les acheteurs acquièrent le mobilier en même temps que les immeubles.

Des utilisateurs de bureaux à la recherche de locaux de 20 000 pieds carrés à 150 000 pieds carrés ont l'occasion d'occuper rapidement un immeuble de façon autonome avec identité visuelle le long de la Transcanadienne. 

Les premiers locataires pourront s'y installer au premier trimestre 2014.

Pour ce qui est des laboratoires, ils disposent d'infrastructures uniques comme des systèmes redondants, ce qui assure leur alimentation même en cas de pannes, a expliqué M. Jussaume. Les universités et centres de données sont des locataires potentiels. Comme plan B, les locaux seront transformés en bureaux.

Finalement, la partie usine sera peut-être la plus difficile à recycler.

Les promoteurs sont en discussions avec la Ville de Kirkland pour rendre le zonage plus permissif. Aucun usage n'est exclu, pas même des habitations, mais ce n'est pas la priorité du moment, a indiqué Paul Jussaume, chef de l'exploitation chez Magil Laurentienne.

Le site compte 1800 cases de stationnement. Au besoin, ce nombre peut passer à 4000.

Le site comprend une bande de terrain le long du boulevard Brunswick, sur laquelle les promoteurs pourraient bâtir des immeubles, mais ce n'est pas au programme, assurent-ils.

Magil et Broccolini croient avoir fini le travail de conversion du site d'ici quatre ans.