Les hauts dirigeants d'entreprises reconnaissent presque tous (97%) que les considérations environnementales sont importantes pour leurs établissements, mais ils sont également une majorité (63%) à croire que les questions environnementales sont surtout une source de dépenses pour la société dont ils tiennent les rênes.

Voilà ce que révèle une enquête intersectorielle sur le verdissement de la main d'oeuvre effectuée par la firme SOM pour le compte d'Enviro Compétences, dont le mandat consiste notamment à promouvoir les métiers et les professions liés à l'environnement.

Les 68 cadres interrogés entre le 25 janvier et le 13 février dernier ont également exprimé des craintes quant à la rentabilité de leurs entreprises respectives: dans 19 % des cas, ils ont perçu le virage vert comme étant assez négatif ou très négatif.

Ici, les domaines de l'aménagement forestier, du transport routier et de la chimie, pétrochimie et du raffinage ont laissé paraître les inquiétudes les plus vives. Fait étonnant, puisque le récent forum sur les redevances minières a révélé de vives tensions entre les minières et les groupes environnementaux, seulement 14 % des dirigeants issus du secteur minier ont dit craindre un impact négatif sur la rentabilité de leur entreprise advenant l'implantation d'une économie verte.

Quand même, 63 % des supérieurs questionnés - qui oeuvrent dans les secteurs minier, du transport routier, de la production agricole, de l'aménagement forestier, de l'aérospatiale, de la transformation du bois, de la chimie, pétrochimie et du raffinage ainsi que des technologies de l'information et de la communication - ont dit considérer les questions environnementales comme une source de dépenses pour leur entreprise.

Mais les verts ne doivent pas baisser les bras pour autant: 56% des hauts dirigeants interrogés ont dit des compétences environnementales de leur personnel qu'elles étaient assez ou très importantes lors de l'embauche. C'est peu étonnant, étant donné que 84% d'entre eux ont dit s'attendre à investir dans la formation en environnement en raison des nouvelles réglementations environnementales dans un avenir rapproché, à savoir au cours des trois prochaines années.

Que les travailleurs se tiennent prêts également, 57 % des dirigeants estiment que les tâches de certains emplois seront modifiées par l'entrée en vigueur de nouvelles réglementations «vertes». De nouveaux postes risquent également d'être créés, notamment ceux de vérificateurs en émissions de gaz à effet de serre ou de courtiers en carbone. La formation des ingénieurs et des architectes, qui devront composer avec de nouveaux matériaux, devra elle aussi être mise à jour advenant un important virage vert.

Rappelons que Québec a fait du système de plafonnement et d'échange de droits d'émission de gaz à effet de serre (GES) le point central de son Plan d'action sur les changements climatiques 2013-2020. Depuis le 1er janvier, certaines entreprises doivent couvrir leurs émissions de GES et à partir de 2015, les entreprises qui génèreront davantage d'émissions de GES que le nombre d'unités allouées devront innover dans les technologies propres ou encore acheter des droits d'émission lors des enchères du gouvernement ou sur le marché du carbone. À l'opposé, les sociétés qui émettront des GES en deçà de la quantité d'allocations reçues pourront vendre leurs unités excédentaires sur le marché du carbone.