L'administration Labeaume a affronté au début de 2013 l'une des plus graves crises depuis la première élection du maire il y a cinq ans.

Des milliers de petits commerçants et quelques fermiers urbains sont montés aux barricades après avoir reçu des avis d'augmentation gigantesque de leur impôt foncier; jusqu'à 1000% dans un cas. La grande responsable de cette explosion: la hausse salée de la valeur des terrains et des propriétés dans la capitale. L'envers du boom économique, en quelque sorte.

Michel Dallaire, président du fonds de placement immobilier Cominar et du Groupe Dallaire, qui possède 135 millions de pieds carrés de terrains à Québec, en sait quelque chose. «On payait 4$ le pied carré pour les terrains industriels il y a moins de cinq ans, et la Ville demande aujourd'hui 9$ lorsqu'elle les vend!» explique-t-il dans son bureau de Vanier, une proche banlieue.

Fidèle à son habitude, l'équipe du maire Régis Labeaume a vite répondu à la crise. Elle a revu les taux de taxation à la baisse, ce qui permettra à plusieurs commerçants de subir une augmentation moins brutale. Certains sont encore mécontents, mais le choc est moindre que prévu.

Vigueur

Il reste que cette polémique témoigne de la vigueur du marché immobilier de Québec, autant dans le résidentiel que dans le commercial et l'industriel. «Si on regarde la dernière récession, quand je compare notre portefeuille de Québec avec celui des autres villes, c'est ici que ça a le mieux performé», explique le président de Cominar, dont le groupe est présent dans plusieurs provinces canadiennes.

L'absorption de bureaux est restée «positive» même pendant la récession, dit de son côté Marie-France Benoît, directrice du développement de la firme immobilière Altus InSite. Et il y a eu presque autant de nouveaux projets de bureaux à Québec qu'à Montréal entre 2009 et 2013, ajoute-t-elle.

L'enthousiasme des promoteurs est tel que, comme à Montréal, des craintes de surconstruction commencent à poindre dans le secteur résidentiel. Le Mouvement Desjardins juge «préoccupante» la situation du condo à Québec, où environ 1000 unités neuves sont invendues.

Michel Dallaire ne s'inquiète pas trop de cette surchauffe. Les 6000 mises en chantier résidentielles enregistrées l'an dernier constituent une exception, relativise-t-il. «Les gens nous disent que ça va ralentir en 2013, qu'on pourrait voir une baisse autour de 4000 mises en chantier. Moi je dis, by the way, les gars, dans les années 90 on en faisait rien que 2000! Ce n'est pas la misère, loin de là.»