Il a passé sa vie à faire des prévisions, mais il n'avait pas prévu se retrouver chômeur le 4 septembre dernier, à 57 ans. L'ancien ministre des Ressources naturelles Clément Gignac, qui a toujours insisté sur l'importance pour les 55 ans et plus de rester au travail, était plutôt mal à l'aise.

Heureusement pour lui, ça n'a pas duré longtemps. Quelques semaines après sa défaite dans la circonscription de Taschereau, dans la haute-ville de Québec, il était engagé par l'Industrielle Alliance comme vice-président principal et économiste en chef.

«Je reviens dans mes pantoufles», reconnaît-il volontiers, dans son nouveau bureau de la Grande-Allée.

C'est un bureau plus modeste que celui qu'il occupait à la Banque Nationale, où il a passé 20 ans comme économiste en chef et stratège boursier. L'Industrielle Alliance (83 milliards d'actif, 4300 employés) n'est pas la Banque Nationale (156 milliards d'actif, 19 500 employés). Mais le travail, lui, est le même.

Ou presque: «À la Banque, je n'étais pas engagé dans la gestion de fonds. Ici, je le suis et ma rémunération est liée aux résultats, explique-t-il. J'ai les deux mains dedans, c'est nouveau et c'est le côté emballant.»

Retour au bercail

Plus emballant encore, selon lui, c'est d'être de retour dans sa région natale pour de bon. C'est pour cette raison qu'il a échangé une circonscription sûre dans la région de Montréal (celle de Monique Jérôme-Forget) pour une plus risquée à Québec (celle d'Agnès Maltais). Il a perdu ses élections, mais il a gagné sur ce plan. «C'était ma priorité de rester dans la région de Québec.»

Après les élections, Clément Gignac a pris un mois de vacances pour «se désintoxiquer de la politique». Il reste très content d'avoir fait le saut. «Si c'était à refaire, je le referais, dit-il. Comme être humain, je suis plus complet aujourd'hui.»

Désintoxiqué de la politique, Clément Gignac n'y est pas indifférent pour autant. S'il était resté avec les libéraux, il aurait appuyé Raymond Bachand dans la course à la succession de Jean Charest. «Si je suis allé en politique, c'est parce qu'il était là.»

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L'économiste en chef de l'Industrielle Alliance sur...

Le dollar canadien

Clément Gignac a été un des premiers stratèges boursiers à prédire que le dollar canadien atteindrait la parité avec le dollar américain. Aujourd'hui, il prévoit que le dollar retraitera autour de 93 à 95 cents, en raison de la remise en selle de l'économie américaine et des vents contraires liés à l'immobilier et à l'endettement des ménages.

L'économie américaine

C'est certainement le début d'un nouveau cycle de croissance, qui pourrait même voir la réindustrialisation de l'économie américaine, avec des entreprises comme GE et Apple qui veulent rapatrier des activités de fabrication. L'économie canadienne en profitera, mais son rythme de croissance sera plus modeste. Le Canada a été avantagé durant la crise à cause des ressources naturelles et de l'immobilier, deux secteurs qui ralentiront.

Les marchés boursiers

«On a probablement passé le sommet dans le secteur des ressources naturelles, donc, étant donné le poids du secteur des ressources dans le TSX, je suis plus positif envers le marché boursier américain que le marché boursier canadien, qui est moins diversifié, dit-il. Le marché boursier américain présente plus d'intérêt en matière de potentiel au cours des deux prochaines années.»