Pauline Marois a décliné une longue liste d'entreprises et de politiciens qu'elle a rencontrés au Forum économique mondial de Davos cette semaine. Sa liste d'investissements était plus courte: une entente de principe, qu'elle ne pouvait chiffrer, entre Boeing et la société québécoise RER. Mais elle se console en constatant qu'elle aurait rassuré les investisseurs.

«Nous avions à l'égard de certaines entreprises des inquiétudes, quant à la fragilité de leurs investissements et leur volonté de continuer de travailler avec le Québec», a-t-elle reconnu sans expliquer pourquoi. L'automne dernier, l'opposition soutenait que les hausses d'impôt rétroactives -annulées depuis- et l'incertitude sur les redevances minières effrayaient les investisseurs.

«Mais il s'est avéré dans tous les cas -j'ai vu Alcoa, Tata, ArcelorMittal- que les entreprises sont non seulement intéressées à consolider leurs investissements, mais à continuer à investir au Québec», a poursuivi Mme Marois.

Elle ne croit pas que le retrait de Pétrolia envoie un mauvais message à l'international. Même si elle détenait de Québec un permis de forage exploratoire pour son puits Haldimand 4 à Gaspé, Pétrolia a dû y suspendre ses activités parce que le conseil municipal a adopté un règlement municipal spécial. «J'aime mieux une attitude comme celle de Pétrolia, et les échanges corrects qu'on a vus entre les différents partenaires, que de laisser se détériorer une situation», pense la première ministre.

Elle arrivait samedi après-midi à Londres, où elle passera 48 heures. Il s'agit pour elle d'une «activité de promotion» sur les avantages à investir au Québec. Mardi, elle rencontrera à Édimbourg des membres du Scottish National Party, le gouvernement indépendantiste qui organisera un référendum en 2014.

Marois vantera des crédits d'impôt

Au Royaume-Uni, la première ministre vantera notamment deux crédits d'impôt annoncés dans le dernier budget: un congé fiscal de 10 ans pour les investissements de plus de 300 millions de dollars dans la transformation des ressources minières, le commerce en gros et l'hébergement de données informatiques, ainsi que le prolongement jusqu'en 2017 du crédit d'impôt à l'investissement. Le Royaume-Uni était le troisième partenaire commercial du Québec en 2011.

Elle mise sur un autre appât, l'hydroélectricité, qui est «plus disponible aujourd'hui». Hydro-Québec sera en effet en surplus jusqu'à au moins 2027. Ce qui n'empêche pas la société d'État de perdre environ 4,5 milliards de dollars d'ici 2020 en achetant à perte de l'électricité aux des entreprises privées. Ces surplus permettent d'attirer les entreprises étrangères en offrant de l'électricité au rabais.

Hydroliennes et effets spéciaux

L'entente avec RER porte sur la recherche pour des hydroliennes, activées par le courant marin.  «Il y a un projet d'expérimentation, de vitrine technologique qui pourrait nous permettre de produire chez nous des appareils fort intéressants pour de l'énergie verte et de l'économie verte. Boeing est le partenaire de cette entreprise. Dans les semaines qui viennent, j'aurai l'occasion de faire état exactement de cette entente de principe et de la contribution qu'apporte le gouvernement», a poursuivi Pauline Marois.

Une nouvelle entente doit aussi être annoncée lundi avec Framestore, une boîte d'effets spéciaux qui a collaboré entre autres à Lincoln et Zero Dark Thirty. Sur son site, l'entreprise dit recruter pour un nouveau bureau à Montréal. Le régime fiscal avantageux du Québec l'aurait attirée.

«Il y a d'autres projets, a ajouté Mme Marois. Je ne veux pas vous les annoncer maintenant, parce qu'il y a encore du fignolage à faire, des fils à attacher, et parfois ça prend plus d'une semaine à faire cela, ce sont de très gros projets d'investissement.»

Plan Québec pour l'Afrique

À Davos, Mme Marois a participé à deux ateliers: un sur l'égalité homme-femme dans la haute gestion et un autre sur le développement minier responsable. Québec n'a pas encore présenté sa réforme de la Loi sur les mines. Selon La Presse canadienne, il y avait très peu d'étrangers qui ont assisté à cette présentation.

Le première ministre y a, entre autres, rencontré des dirigeants de 12 entreprises, dont Volvo, Ericsson, Ubisoft, Volvo, Lockheed Martin, Novartis et Merck. Elle s'est aussi entretenue avec le ministre de l'Économie et des Finances de la France, le commissaire au marché intérieur de l'Union européenne, le secrétaire des Finances du Mexique, la commissaire exécutive de la convention des Nations unies sur les changements climatiques ainsi que la présidente de la Rhénanie-Du-Nord, un land allemand de 18 millions d'habitants. «Nous aimerions établir le même type de relations que nous avons avec Munich et la Bavière», indique-t-elle.

Elle a aussi rencontré le président de la Banque africaine de développement, Donald Kaberuka. «Nous travaillons sur une politique africaine au Québec, qu'on rendra publique au début de l'été. L'idée est de favoriser les échanges entre des pays d'Afrique et le Québec, qui veulent avoir accès à des marchés. Il y a aussi un marché intéressant en Afrique qui est en train de se développer.»

Mali: la communauté internationale doit s'impliquer

Questionnée sur la participation du Canada à l'intervention française au Mali, Mme Marois a été circonspecte. «Lorsque j'ai rencontré le président de l'Union africaine, qui était à ce moment-là le président du Bénin, j'ai souhaité que la communauté internationale s'implique davantage. Je crois que le Canada a les moyens, avec la communauté internationale, de participer. C'est à lui de prendre sa décision. Je ne peux le faire à sa place. Je souhaite cependant que le conflit puisse se régler. Nous constatons que ce n'est pas nécessairement facile.»