« Des places en services de garde, il n'en manque pas », soutient Prescillia B. Boily, porte-parole de la Coalition québécoise des garderies privées non subventionnées qui mène une campagne tambour battant pour que le gouvernement québécois subventionne les établissements privés existants plutôt que de créer des places dans de nouveaux centres de la petite enfance (CPE).

Pour Mme Boily, les enfants dont les noms sont légion sur les listes d'attente de CPE ne sont pas à la maison en attendant qu'une place se libère quelque part. Ils sont gardés en milieu familial ou en garderie non subventionnée en attendant.

« Ce qu'il manque, ce sont des places à 7 $ en garderie, convient-elle. Mais des places physiques, il n'en manque pas sauf dans quelques régions comme l'Abitibi ».

Selon Mme Boily, propriétaire de la garderie Les Petits Moulins à Terrebonne, la pénurie était une réalité avant 2010, mais ce n'est tout plus le cas en 2013. « Dans les régions de Montréal, Laval, Laurentides, Lanaudière, Montérégie, ce sont des enfants qui manquent ! », dit-elle.

Elle en tient pour preuve que le réseau des garderies non subventionnées affiche un taux d'inoccupation de 30 %. « Au 18 décembre, il y a plus de 10 000 places vacantes », indique-t-elle. La Coalition demande de transformer les quelque 36 000 places du réseau privé non subventionné en places à 7 $ pour compléter le réseau.

« Ça réglera quoi de les convertir puisqu'il manque déjà de places dans le réseau », rétorque Louis Senécal, DG de l'Association québécoise des CPE. D'après les CPE, le Québec a besoin 265 000 places à 7 $. Au ministère de la Famille, on parle d'un réseau comptant à terme 250 000 places à 7 $.

Ce qui surprend, c'est qu'il y a des places à 7 $ en milieu familial qui restent inoccupés. En date du 18 décembre, la Coalition a dénombré 60 places libres dans un rayon de 5 kilomètres du bureau de la ministre Nicole Léger, à Pointe-aux-Trembles. Elle a compté 275 places disponibles au centre de Montréal, dans un rayon de 10 kilomètres du bureau de comté de la députée de Gouin Françoise David.

Le ministère de la Famille se dit incapable de confirmer ou d'infirmer les chiffres de la Coalition. Il reconnaît un taux d'inoccupation moyen de 14 % pour l'année 2011-2012, mais ce taux inclut les vacances des responsables de services de garde et les jours fériés.

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Est-ce payant d'exploiter une garderie subventionnée?

COÛT DU PERMIS:

167$ (87$ au renouvellement)

INVESTISSEMENT:

1,8 MILLION à Montréal (incluant le terrain - garderie de 80 places)

SUBVENTIONS:

37,53$ PAR JOUR pour un enfant de 18 à 59 mois et 58,24$ par jour pour les 17 mois et moins

VALEUR DU PERMIS À LA REVENTE:

10 000$ PAR PLACE (en excluant le bâtiment et terrain)

PROFIT MOYEN:

100 000$ PAR GARDERIE SUBVENTIONNÉE

Sources: Services Québec, Ministère de la Famille, AGPQ et AQCPE