Des projets comme le puits Haldimand 4 de Pétrolia, qui est situé à environ 350 mètres de la maison la plus proche à Gaspé, pourraient bientôt être interdits. C'est ce qu'a annoncé à La Presse le ministre du Développement durable, Yves-François Blanchet.

Il prévoit se pencher sur la protection des eaux potables et souterraines. «Si ça avait été fait avant que Pétrolia n'obtienne ses permis, il n'y aurait probablement pas eu de Haldimand 4. [...] La question va être tranchée à relativement court terme. Je ne présume de rien, mais je serais très surpris qu'on conclue que c'est acceptable de forer à 350 mètres d'une maison», avance-t-il.

On ignore si un nouveau projet de loi sera déposé. «On évalue quelle est la meilleure façon d'intervenir», indique le ministre. Il tiendra compte de plusieurs paramètres, comme la proximité d'un puits artésien et des sources d'approvisionnement d'eau ou les risques de déversement.

Face à la grogne du conseil municipal de Gaspé, Pétrolia a été contrainte hier de «momentanément reporter» son forage exploratoire au puits Haldimand 4, qui contiendrait près de 8 millions de barils de pétrole.

La société détenait depuis l'été dernier un permis de forage, qui ne nécessite pas de fracturation ou stimulation hydraulique. Mais Gaspé craignait néanmoins pour son eau potable. La municipalité a adopté en décembre dernier un règlement pour protéger son eau, et bloquer ainsi le forage.

Selon Pétrolia, le règlement «outrepasse les pouvoirs de la municipalité» et brime ses «droits légitimement obtenus». M. Blanchet croit que le règlement de Gaspé était «légitime et valide».

Le permis de Pétrolia l'était tout autant, reconnaît-il. Il ne veut pas dire lequel aurait eu préséance devant les tribunaux. Depuis le début, il plaide au contraire pour une entente au lieu d'un affrontement juridique.

«On ne mènera pas de bataille non plus contre Gaspé, annonce le président de Pétrolia, André Proulx. On veut que les choses se fassent de façon harmonieuse.»

M. Blanchet pense que Pétrolia a pris une sage décision. «L'acceptabilité sociale est importante, et les citoyens de Gaspé se sont exprimés avec beaucoup de clarté. Avec la décision prise, on va permettre ainsi à tout le monde de prendre du recul», estime-t-il.

Pétrolia veut laisser une foreuse à Gaspé, mais déménagera d'autres équipements ailleurs. Elle se consacrera davantage à son gisement Bourque, en Gaspésie, et en Anticosti.

La ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, doit déposer en début de session parlementaire un nouveau projet de loi sur les mines. Elle déposera ensuite un premier projet de loi sur les hydrocarbures.

Pétrolia rappelle que son forage au puits Haldimand 4 est crucial pour le reste de ses activités. «Ça fait 100 ans qu'on sait qu'il y a du pétrole en Gaspésie, mais on ne sait pas comment l'exploiter. On pense avoir trouvé la clé avec Haldimand [...], qui montre le système de fracture naturel dans le sol», raconte M. Proulx.

S'il réussit à comprendre le système de fracture dans le sol et la façon de forer le pétrole, il trouvera la recette pour exploiter le pétrole dans d'autres gisements. «J'aimerais ça pouvoir déplacer le gisement Haldimand, mais ce n'est pas possible.»