Cela fait plus de huit ans qu'il n'y a plus de vols de passagers qui décollent de Mirabel. L'aérogare est vide, silencieuse. Toutefois, l'hôtel Château Mirabel est sur le point de reprendre vie et le reste du site bourdonne d'activités. Le long passage à vide qui a suivi le transfert des vols commerciaux à Dorval tire désormais à sa fin.

Alors que l'image d'un Mirabel revitalisé commence à se préciser, il manque toujours une pièce importante au casse-tête.

L'ancienne aérogare n'a toujours pas trouvé de nouvelle vocation.

«Si vous avez de bonnes idées, des investisseurs avec de l'argent dans les poches, nous sommes prêts à vous entendre», blague le président-directeur général d'Aéroports de Montréal (ADM), James Cherry, dans une entrevue avec La Presse Affaires.

En fait, il y a deux projet sérieux, mais M. Cherry ne veut pas divulguer le moindre détail.

«La dernière fois, nous avons sorti ça un peu trop tôt, avant d'avoir les financements en place, indique-t-il. Cette fois-ci, nous serons plus prudents».

En 2006, un consortium français avait dévoilé en grande pompe le projet Rêveport, un immense complexe récréo-touristique de 300 millions de dollars qui devait comprendre un aquarium géant, une plage intérieure et des salles de cinéma.

«Ça a flanché pour des raisons hors du contrôle des promoteurs, affirme M. Cherry. Avec la crise du crédit, le papier commercial, ils n'ont pas pu compléter le financement.»

Cette fois-ci, un groupe italien, GrandPrixOne, voudrait installer des magasins d'usine (factory outlets), essentiellement des bannières européennes de vêtements et de chaussures de luxe, dans l'ancienne aérogare. Présenté à Milan en mai 2011, le projet comprendrait également une section consacrée à la nourriture et une autre à l'automobile. Les clients auraient accès à la piste déjà installée sur le tarmac pour essayer des modèles de voitures.

Dans une entrevue à La Presse Affaires à la fin de 2011, le conseiller immobilier du promoteur, Marco Beffa, chef de la direction de MBO Group, parlait de l'aménagement de 300 magasins et d'investissements de 50 à 75 millions de dollars.

«Ils sont toujours dans le dossier, affirme Jean-Luc Riopel, directeur général du centre local de développement de Mirabel. Ils ont rencontré les intervenants à la fin octobre, ils ont renouvelé un protocole d'entente avec ADM, ils sont en analyse finale. Ils auront une décision définitive à prendre ce printemps.»

Or, il y a un autre projet en lice.

«Les Italiens sont là depuis un bon bout de temps, c'est un groupe qui a exprimé son intérêt, mais il y a un autre projet concurrentiel», mentionne M. Cherry.

Tout ce qu'il accepte de révéler, c'est qu'il s'agit également d'un projet d'ordre commercial.

Le problème, c'est que la conversion de l'aérogare est plus difficile, plus coûteuse que prévu.

«Dès le début, on a sous-estimé les choses qu'il faut faire avant de développer le terminal, admet M. Cherry. C'est un beau bâtiment, avec beaucoup de verre, mais il y a des choses importantes à modifier: la hauteur des plafonds n'est pas la même partout, il y a de nombreuses colonnes, il faut un nouveau système de gicleurs et il y a de l'amiante partout. C'est un édifice qui avait été réalisé selon les normes du début des années 70.»

La présence d'amiante dans les murs, les tuiles et le plafond fait même en sorte qu'il serait complexe et coûteux de détruire l'aérogare pour construite un bâtiment plus adapté à une nouvelle vocation.

M. Cherry se montre modérément confiant.

«Nous sommes plus avancés qu'il y a quelques années, avance-t-il. Nous avons un certain niveau d'optimisme. Peut-être que nous aurons l'opportunité de réaliser quelque chose avec le temps.»

Un nouveau projet sur le site du projet de centre commercial Lac Mirabel, au sud du territoire de l'aéroport, est plus avancé.

En mai dernier, Simon Property Group, Calloway et SmartCentres ont annoncé la construction d'un centre de magasins d'usine à cet endroit, près de l'autoroute des Laurentides. Les travaux du projet de 80 millions de dollars devraient débuter en 2013.

«Le sort du site de Lac Mirabel n'était pas trop inquiétant, soutient le maire de Mirabel, Hubert Meilleur. Des terrains commerciaux, il n'y en a plus dans les Basses-Laurentides.»

Jean-François Grenier, du Groupe Altus Recherche Marketing, ne croit pas que le projet de Lac Mirabel fasse du tort à un éventuel complexe de magasins d'usines à l'aérogare de Mirabel. Le premier accueillera surtout des magasins américains alors que le deuxième entend attirer essentiellement des bannières européennes de luxe.

«Ils ne seront pas concurrents, déclare-t-il. Ils pourraient même y avoir de la synergie, la présence des deux pourraient créer un circuit de magasinage.»