Depuis le 7 décembre, les visiteurs affluent au 57e Salon des métiers d'art de Montréal. D'ici au 22 décembre, la direction attend entre 180 000 et 200 000 personnes. Les trois quarts d'entre eux dépenseront de 150$ à 200$ pour des bijoux, lampes, sacs et autres oeuvres d'art. «Le visiteur fait habituellement deux achats dans deux kiosques, note François Beauvais, directeur général du Salon. Les retombées sont de 16 à 20 millions de dollars par année.»

Si le nombre de visiteurs était à la baisse depuis 2009, il pourrait bien augmenter cette année. «On a fait de gros efforts pour rejoindre les anglophones et les gens à revenus élevés, dit François Beauvais. On souhaite travailler davantage sur la communauté des affaires. On a fait du marketing ciblé.»

Le Salon des métiers d'art de Montréal ne compte plus seulement sur un porte-parole. La VJ de MusiquePlus Chéli Sauvé-Castonguay, l'humoriste et animateur Christopher Hall et la comédienne Geneviève Brouillette ont pris la place qu'occupait Marina Orsini depuis les 10 dernières années. Conséquence?

«On voit plus de jeunes cette année», affirme François Beauvais. Le budget total consacré à la promotion des salons de Montréal et Québec par le Conseil des métiers d'art du Québec a légèrement augmenté pour s'établir à 750 000$. «Là, on essaie de faire parler des métiers d'art à l'année», note François Beauvais.

Car il faut bien se positionner comme arrêt incontournable face aux artisans! Le Salon de Montréal peut représenter de 10 à 50% de leur chiffre d'affaires.

«Les plus gros artisans, comme les joailleries, peuvent réaliser 250 000$ de ventes en 16 jours, soutient François Beauvais. Le Salon semble encore un véhicule adéquat, mais on doit demeurer à l'affut. On a notamment développé une application mobile qui permet d'avoir un plan et la liste des 400 exposants».

«Grâce aux salons de Montréal et Toronto (One of a Kind), nous réalisons le tiers de notre chiffre d'affaires, confirme Julien Mongeau de a+j (verre soufflé et céramique), qui compte une cinquantaine de points de vente au Canada et aux États-Unis.

Il y a d'autres canaux de vente, mais ces deux salons sont importants pour nous. Cette année, Toronto a moins bien fonctionné, mais nos ventes en boutique ont bien été. Il faut avoir une diversité de canaux.»

Les salons constituent d'autant plus des vecteurs de croissance pour une industrie qui peine à se faire valoir auprès des institutions financières.

«L'artisan est à tort considéré comme un «bisouneux de garage», résume Julien Mongeau, dont l'entreprise n'a bénéficié que de financement privé. Notre chiffre d'affaires croît de 20% par année, mais ça prend beaucoup d'investissement pour y arriver.»

«Ce n'est pas facile d'aller chercher du soutien auprès des institutions financières, confirme aussi Anne Painchaud-Ouellet, des sacs à main Ressac. J'ai plusieurs sources de financement, notamment privées. Les artisans devront continuer de se battre pour avoir du financement, car on est un peu considérés comme la restauration, soit un marché instable.»

Depuis peu, le Conseil des métiers d'arts du Québec tente de métamorphoser aux yeux des consommateurs cette industrie comme celle des produits du terroir.

«On regroupe nos artisans, dit François Beauvais. On a beaucoup de travail à faire pour faire reconnaître la marque «Produits métiers d'art». On y travaille depuis un certain temps, mais on n'avait pas de budget. Là, on en a à même nos fonds d'exploitation.»

Les artisans ressentent-ils les efforts du Conseil pour valoriser et donner une vitrine à leur métier?

«Des efforts aussi intenses, c'est nouveau, constate Julien Mongeau. J'en sens les résultats. Il y a beaucoup de préjugés à combattre au Québec. En Ontario et aux États-Unis, l'artisanat est un métier noble. J'ai l'impression que la crise a donné un boost à cette industrie à cause du Buy American d'Obama. Au Québec, le macramé nous colle à la peau! Cela dit, le marché est en croissance.»