Les propriétaires de chaînes généralistes comme V et Bell sont déçus de la volte-face de la Cour suprême, qui interdit au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) de mettre en place un régime de négociation de redevances.

De toutes les télés généralistes au pays, c'est probablement V qui a perdu le plus hier avec la décision de la Cour suprême. Au contraire de TVA (Québecor), CTV (Bell), Global (Shaw) et Citytv (Rogers), V est un diffuseur généraliste indépendant, qui ne fait partie d'aucun conglomérat médiatique comptant un distributeur dans ses rangs. «Cette décision nous met une pression supplémentaire, dit Diane Patenaude, directrice des communications de V. Nous continuerons d'adapter notre modèle d'affaires pour produire du contenu local et québécois de qualité.»

De son côté, Bell évoque à mots couverts la possibilité de fermer des stations locales de CTV. «Un système de compensation pour la valeur des signaux aurait réglé la question des pressions financières extrêmes que subit aujourd'hui la télévision locale au Canada. La télévision locale a toujours été tributaire de la publicité, mais ce modèle a changé et n'est simplement plus viable», a indiqué Marie-Ève Francoeur, porte-parole de Bell, par courriel. Avant de faire l'acquisition de CTV en septembre 2010, Bell était l'un des plus féroces opposants à l'octroi de redevances aux télés généralistes.

Même si Radio-Canada n'est pas directement touché par la décision d'hier (seules les télés généralistes privées auraient eu droit aux redevances), le diffuseur public a demandé d'obtenir le même droit le mois dernier lors du renouvellement de ses licences. «Le modèle d'affaires pour la télévision locale continue d'éprouver des difficultés», a indiqué Angus McKinnon, directeur des communications de Radio-Canada.

Québecor, propriétaire du distributeur Vidéotron et de la chaîne généraliste TVA, proposait plutôt au CRTC en 2009 de redistribuer les redevances existantes des télés spécialistes avec les télés généralistes. Québecor n'a pas participé à la contestation judiciaire du pouvoir du CRTC d'imposer des redevances.