«On est à bout de souffle», dit Alain Forget, 30 ans, producteur de porcs dans Lanaudière. Sa famille possédait 400 truies, donnant 9000 porcs par an. Faute de rentabilité, le cheptel a dû être réduit de moitié. Les Forget n'ont pourtant pas peur d'innover. Voyant que le porc valait plus mort que vif, le fils aîné, Marc-André, 33 ans, s'est lancé dans la transformation des cochons à la ferme, en 2005.

Le porc frais, le bacon et le jambon des Forget sont vendus dans une soixantaine de boucheries et d'épiceries, sous la marque Porc du rang 4. De 30 à 50 porcs seulement sont transformés par semaine, malgré l'engouement pour l'achat local.

«Malheureusement, on est obligés de vendre 100 porcs par semaine à perte à Olymel, en vertu de la convention de mise en marché des porcs», regrette Alain. Problème plus grave, «ce qu'on gagne avec la découpe, on le perd en produisant le porc, constate le jeune homme. C'est déplorable, mais on ne peut plus vivre de la production porcine indépendante au Québec. On travaille sept jours sur sept, on n'a pas de qualité de vie, et on ne fait pas d'argent.»

Les Forget se sont résolus à vendu 150 acres de terre, l'an dernier. Il leur en reste 350, qu'ils louent. Avec le prix des grains en hausse, les cultiver pourrait mettre du beurre - et pas seulement du bacon - sur les épinards. «Mais il faudrait investir dans la machinerie, les silos», dit Alain. La marge de crédit, utilisée au maximum, ne permet plus de rêver.

L'évocation d'une remontée des prix du porc au printemps fait rire jaune le jeune producteur. «Il faudrait six bonnes années de suite pour récupérer ce qu'on a perdu», souligne-t-il.

Les voisins des Forget ont abandonné: leur ferme porcine est à vendre pour 895 000$.