Longtemps accusé de dormir sur ses millions, Teralys accélère le rythme. L'immense réservoir de capital-risque destiné à relancer l'entrepreneuriat technologique au Québec a multiplié les investissements récemment et a affirmé mercredi respecter son échéancier.

«Nous sommes maintenant à 60% de notre période d'investissement et nous avons investi 60% de notre capital. On est exactement là où on doit être», a plaidé Jacques Bernier, associé principal de Teralys, en présentant son «bilan de mi-mandat».

Créé en 2009 par la Caisse de dépôt, Investissement Québec et le Fonds de solidarité FTQ, Teralys dispose de 700 millions de dollars à miser sur les entrepreneurs pour faire émerger des succès.

Plutôt que d'investir directement dans les entreprises, Teralys déploie son argent dans des fonds spécialisés qui, eux, sélectionnent les entrepreneurs. Cette approche indirecte, évidemment plus longue, avait soulevé une certaine impatience de la part des entrepreneurs.

Teralys a répliqué hier avec des statistiques destinées à montrer que la stratégie fonctionne.

Ce «fonds de fonds» a injecté 420 millions dans 12 fonds depuis sa création. Chacun des dollars déployés au Québec a permis d'en attirer près de deux autres de la part d'autres investisseurs, pour un effet levier de près de trois pour un.

La stratégie a aussi permis d'attirer nombre d'investisseurs étrangers dans la métropole, dont ceux d'Iris Capital, TVM Capital et Chorus. En plus des dollars, les étrangers amènent une expertise et des réseaux qui servent les entrepreneurs locaux, selon Gilles Duruflé, spécialiste indépendant du capital-risque qui juge «très positive» l'arrivée de Teralys au Québec.

Sa création a été présentée hier comme la deuxième phase d'une stratégie amorcée en 2004, au moment où la Caisse de dépôt, Investissement Québec et le Fonds de solidarité FTQ se sont retirés de l'investissement direct pour participer ensemble à la création de fonds privés québécois.

Des succès indéniables

Depuis, la part des investisseurs étrangers a carrément doublé au Québec. Des succès comme Enobia, Beyond the Rack ou Accedian Networks ont été brandis comme preuve que l'écosystème fonctionne.

Même si les rendements sont longs à évaluer dans l'industrie, les investisseurs ont dit croire hier que ceux de la première phase seront positifs, ce qui représenterait un renversement après des années de pertes.

Selon Gilles Duruflé, la seule erreur aura été de soutenir pendant la première phase des fonds trop petits pour faire une réelle différence.

Les entrepreneurs dressent aussi un bilan assez positif de Teralys. Denis Leclerc, président de la grappe des technologies propres de la province, a salué la volonté de Teralys de faire participer de grands acteurs industriels dans le financement des petites entreprises.

«Nos recherches montrent que la chaîne de financement ne répond pas aux besoins d'expansion des entreprises de notre secteur, dit-il toutefois. On aimerait que les grands acteurs, dont les fonds de fonds, contribuent à créer un fonds québécois pour régler le problème.»

Mario Lebrun, directeur général de BioQuébec, accueille aussi favorablement la création de nouveaux fonds en sciences de la vie auxquels participent notamment de grandes sociétés pharmaceutiques.

«Les choses progressent et je choisis de penser que le verre est à moitié plein, a-t-il dit. Mais il faudra voir comment ça va se déployer. Historiquement, BioQuébec a toujours craint que les choses ne progressent pas assez rapidement. Il faudra faire l'évaluation lorsque l'argent soutiendra les projets et les entreprises.»