Les grandes entreprises canadiennes, et plus particulièrement celles du Québec, continuent de faire piètre figure quand vient le temps de divulguer leurs émissions de gaz à effet de serre.

Seulement deux entreprises québécoises figurent sur la liste des leaders canadiens en la matière dévoilée mardi par le Carbon Disclosure Project (CDP): SNC-Lavalin et le Canadien National. L'an dernier, Bell Canada et la Banque Nationale faisaient aussi partie de ce club sélect.

Des 200 plus importantes entreprises canadiennes cotées en Bourse, 26 sont québécoises. À peine 17 d'entre elles ont accepté de répondre au questionnaire que leur envoie chaque année le CDP. Et de ce nombre, tout juste neuf entreprises ont consenti à ce que leurs émissions (en tonnes de CO2 par année) soient publiées: Bell, CAE, le CN, Cogeco Câble, l'Industrielle Alliance, la Banque Nationale, Saputo, SNC et Transcontinental.

Alimentation Couche-Tard et Bombardier, deux des plus importantes entreprises au Québec, ont refusé de participer à l'exercice. Cela est particulièrement étonnant de la part de Bombardier, qui se vante chaque année de faire partie des indices boursiers de Dow Jones regroupant les entreprises les plus dynamiques en matière de développement durable.

Dollarama, Jean Coutu, Astral Media, Osisko, Semafo et TransForce ont également refusé de prendre part au CDP cette année.

Parmi les entreprises québécoises qui ont accepté de jouer le jeu, les résultats sont variables. Le CDP évalue chaque entreprise en fonction de la qualité de ses réponses au questionnaire et de l'efficacité des mesures qu'elle a mises en place pour atténuer les changements climatiques.

CGI a ainsi obtenu une note de 9 points, soit la pire au pays parmi les entreprises participantes. CAE s'est vu attribuer 36 points; l'Industrielle Alliance, 41 points; la Banque Laurentienne et Rona, 43 points chacune; Québecor, 57 points; Saputo, 61 points; Gildan, 66 points; la Banque Nationale, 68 points; Cogeco, 69 points; Power Corporation, 73 points; Transcontinental, 72 points; Bell, 74 points; Metro, le Canadien National et SNC, 77 points chacune.

À l'échelle du pays, seule la Banque de Montréal a réussi à se classer dans le «rang A» des leaders de la divulgation carbone avec une note de 91 points.

En fait, les grandes entreprises canadiennes tirent toujours de l'arrière par rapport à celles du reste du monde. Les notes obtenues par les 20 leaders canadiens ont oscillé entre 77 et 91 points en 2012, alors que celles des 50 leaders mondiaux ont varié entre 84 et 100.

Au Canada, ce sont les grandes entreprises du secteur financier qui ont participé au questionnaire du CDP dans une plus grande proportion: 75 pour cent d'entre elles l'ont fait. Suivent les secteurs des communications et des technologies (71 pour cent), des produits industriels (67 pour cent), de la consommation courante (64 pour cent), de la consommation discrétionnaire (60 pour cent), de l'énergie (44 pour cent) et des matières premières (43 pour cent).

Pas moins de 77 entreprises canadiennes ont indiqué dans le questionnaire avoir des préoccupations à l'égard de la réglementation gouvernementale visant à faire diminuer les émissions de GES. C'est 18 pour cent de plus qu'en 2011. Ces entreprises représentent pas moins de 98 pour cent du volume d'émissions déclarées dans le cadre du CDP.

Rappelons qu'au Québec, un nouveau régime de plafonnement et d'échange de crédits de carbone doit entrer en vigueur le 1er janvier. Celui-ci pourrait avoir un impact négatif sur la rentabilité de certaines entreprises, surtout les plus polluantes.

Le CDP est commandité par plusieurs grands investisseurs institutionnels du monde entier. Au Québec, la Caisse de dépôt et placement, Jarislowsky Fraser et Fondaction CSN font partie du lot.