L'industrie du gaz de schiste, qui ronge son frein en attendant les conclusions de l'étude environnementale stratégique (EES) en cours, n'a pas sauté de joie en entendant les propos de la nouvelle ministre des Ressources naturelles.

Le président et chef de la direction de Junex, Jean-Yves Lavoie, ne comprend pas qu'on puisse prendre une décision avant de connaître les conclusions de cette étude.

«Faut voir l'intérêt des gens, a-t-il dit. On a déjà un quasi-moratoire. Les gens qui vont sortir ça (l'EES) sont des spécialistes. Ils vont être prudents, comme beaucoup de gens. Si on a une ressource, on va s'en priver? Je ne pense pas. On serait le premier peuple sur la Terre à faire ça!»

Le patron de Junex estime que le Québec fait actuellement ce qu'il faut faire. «C'est correct ce qu'on fait à l'heure actuelle, de faire une étude environnementale, de prendre le temps d'étudier.»

Il estime qu'on ne peut pas arrêter tout parce qu'on a peur ou qu'on a entendu des choses. «À l'heure actuelle, pour dire à une population que tu ne développeras pas une ressource que tu as en dessous de tes pieds, il faut quand même que tu sois assez sûr de ton affaire», a commenté M. Lavoie.

De son côté, André Boisclair, l'ex-chef péquiste qui agit maintenant comme consultant pour des entreprises spécialisées dans le gaz de schiste comme Questerre, trouve étonnants les propos de la ministre Ouellet.

«Cela m'étonne, a-t-il dit. Au Québec, 30% du gaz qu'on consomme vient de gisements non conventionnels (et donc exploités par fracturation hydraulique) de l'Ouest canadien. Sa déclaration laisse entendre que ce gaz n'est pas produit de façon sécuritaire.»

Selon André Boisclair, le risque y est acceptable pour la population.

De son côté, le président de Junex croit que le gouvernement devrait prendre l'initiative pour que tout le monde en ait le coeur net.

«On va devoir, pour avancer, faire un projet de démonstration, avance-t-il. Suite à l'étude environnementale, (réaliser) un ou deux projets de démonstration dans des lieux industriels ou des lieux qui sont boisés, avec haute surveillance. Mais il n'y pas une compagnie qui va s'embarquer là-dedans. Il va falloir que ce soit le gouvernement qui soit l'instigateur de ce projet, que ce soit fait correctement et de façon très transparente. Que ça prenne 3-4 ans à faire ça et qu'on établisse quelque chose de durable, comme on a toujours fait au Québec», propose-t-il.