Alors que le nouveau gouvernement de Pauline Marois a promis de taxer davantage les contribuables plus riches, La Presse a appris que le Québec compte 2623 personnes qui ont déclaré plus d'un million de dollars en revenus en 2011, pour l'année d'imposition de 2010.

Il s'agit d'une augmentation notable depuis 2005, où ils n'étaient que 2107 à toucher un million et plus en revenus.

Les plus récentes statistiques de Revenu Canada, obtenues en vertu de la Loi sur l'accès à l'information, dévoilent que ces quelque 2600 contribuables ont payé à eux seuls plus de 853 millions de dollars en impôt du Québec, soit 4% de la facture totale de l'impôt des particuliers. (21,1 milliards).

«Qu'il y ait plus de gens qui déclarent être millionnaires, il n'y a rien de surprenant. C'est la tendance: le prix de l'immobilier a presque doublé en six ans, il y a plus d'emplois dans les technologies, etc.», a indiqué André Lareau, professeur de droit fiscal à l'Université Laval.

Avec une hausse des contribuables mieux nantis que la moyenne, ces «riches» paient-ils leur juste part des impôts québécois? La question ne date pas d'hier et a suscité son lot d'interrogations au cours de la dernière campagne électorale.

André Lareau est d'avis qu'ils pourraient collaborer davantage, mais qu'en augmentant de quelques pourcentages leur part année après année, «on ne va chercher au bout du compte que des grenailles comparativement à ce qu'on pourrait aller chercher dans les paradis fiscaux et avec la fraude fiscale».

Le défi du gouvernement

Selon le fiscaliste, la vraie solution réside dans l'accessibilité des crédits d'impôt pour les familles dont le revenu familial est de moins de 130 000$.

Lors de la nomination de ses ministres, mercredi, Pauline Marois a réitéré son engagement d'instaurer un crédit d'impôt remboursable pour une dépense de 500$ pour encourager les activités sportives des enfants âgés de 5 à 16 ans.

Cette politique, instaurée l'année dernière au fédéral par le gouvernement Harper, pourrait s'avérer positive pour les Québécois si elle est bien appliquée, croit fortement André Lareau.

«Un conseil à Mme Marois: il faut que ce soit un crédit qui va vraiment aider les familles à faibles revenus, et non pas seulement les familles qui ont des revenus élevés.»

Plus d'informations

L'ex-doyen de la faculté de droit de l'Université Laval cite en exemple le crédit d'impôt remboursable renversé pour les frais de garde d'enfants.

Selon le revenu familial, une personne qui inscrit son bambin à une garderie qui n'est pas à 7$ la journée percevra de l'État québécois un remboursement d'impôt jusqu'à 75% des dépenses. Ceux touchant un plus haut revenu, le taux de crédit peut chuter à 26%.

«Pour l'instant, au fédéral, 22,3% des gens qui gagnent 250 000$ et plus ont réclamé le crédit fédéral visant la condition physique des enfants. Pour ceux qui touchent entre 20 000 et 25 000$, on parle de seulement 2,8%, fait remarquer M. Lareau.

«Pour que ce soit profitable pour tous les contribuables, le Parti québécois doit informer les familles de ce crédit d'impôt, qui contribuera autant aux riches qu'aux moins nantis.»