Martine Ouellet, la nouvelle ministre des Ressources naturelles, est ingénieure de formation et a passé presque 20 ans dans différentes fonctions chez Hydro-Québec. Plusieurs dossiers miniers l'attendent.

Plan Nord

Martine Ouellet aura la tâche de poursuivre la mise en oeuvre du développement nordique, qu'il soit présenté comme Plan Nord ou sous un autre nom. Les ficelles du Plan Nord ne sont pas encore toutes attachées. La loi qui créera la Société du Plan Nord, guichet unique pour les entreprises et centre de coordination pour toutes les interventions gouvernementales, n'a pas été adoptée. Il faudra voir aussi si la ministre voudra instaurer un cadre réglementaire plus précis pour le financement des infrastructures devant servir notamment aux sociétés minières. Le ministre de l'Environnement, Daniel Breton, devra quant à lui organiser la protection de 50% du territoire nordique de tout développement industriel, si le Parti québécois donne suite à cet engagement du précédent gouvernement. L'industrie minière s'inquiète grandement de cette orientation, et particulièrement des modalités de sélection des territoires à protéger. Le PQ devra aussi faire face à un test important sur le plan de l'acceptabilité sociale: l'uranium. La communauté crie s'oppose à l'exploitation de l'uranium sur son territoire, alors même qu'une société québécoise veut aller de l'avant avec son projet d'exploration avancée situé sur le territoire traditionnel de Mistissini - et le long de la nouvelle route des monts Otish que le gouvernement est en train de construire dans le cadre du Plan Nord.

Réforme minière

Lancée il y a bientôt trois ans par le ministre libéral Serge Simard, la réforme de la Loi sur les mines paraît ne jamais vouloir aboutir. Les deux dernières versions de la réforme (projets de loi 79 et 14) sont mortes au feuilleton. L'étude des projets en commission parlementaire s'est chaque fois embourbée, les deux principaux partis s'accusant mutuellement d'être responsables de la lenteur du processus législatif. Bref, les projets miniers se multiplient et la Loi sur les mines n'est toujours pas mise à jour. Tant et si bien que les groupes critiques de l'industrie minière, même s'ils ne sont pas totalement satisfaits de la réforme, pressent Québec d'officialiser les changements sur lesquels tous les partis s'entendent. C'est le cas de la hausse des garanties financières, des évaluations environnementales pour tous les projets de mine ou l'augmentation du pouvoir des municipalités dans la gestion du territoire. Or, l'industrie mène une cabale contre ce dernier élément, qu'elle juge contraire à l'intérêt collectif des Québécois.

Redevances

Le Parti québécois a insisté là-dessus en campagne électorale: selon lui, le Québec ne tire pas suffisamment de bénéfices financiers de l'exploitation de son sous-sol. Le PQ propose de modifier la nature même du régime de redevances en passant d'un système de calcul basé sur les profits à un système hybride basé sur la valeur brute du minerai extrait et les «surprofits». Vrai qu'un tel régime serait plus payant pour l'État pour une mine donnée. L'industrie rétorque que cela nuirait à la compétitivité du secteur minier. Tant le Parti libéral que la Coalition avenir Québec favorisent le statu quo. Il sera intéressant de voir si le nouveau gouvernement osera aller de l'avant, que ce soit avec une loi spécifique (comme il le demandait quand il était sur les banquettes de l'opposition) ou via le budget. La question des redevances relève du ministre des Finances, Nicolas Marceau.