Les investissements majeurs dans CGI, Genivar ou la Banque Laurentienne le montrent: le capital coule à flot actuellement pour les entreprises québécoises bien établies à la recherche de fonds. La situation est cependant plus difficile pour les boîtes en démarrage qui ont besoin de financiers prêts à risquer du capital pour les aider à percer.

Des statistiques compilées par Thomson Reuters et qui seront dévoilées aujourd'hui montrent que malgré le contexte économique difficile, les investissements dans les entreprises québécoises sont en train de fracasser des records. Les «transactions de rachat et de capital développement», qui incluent autant les acquisitions que les prises de participation majoritaire ou minoritaire, ont atteint 2,7 milliards dans la province pendant les six premiers mois de l'année. C'est plus du double des sommes enregistrées pendant toute l'année 2011, qui avaient atteint 1,3 milliard.

En fait, la collecte des six premiers mois est si impressionnante au Québec qu'elle assure déjà que l'année 2012 sera la meilleure depuis 2007, renouant aux niveaux d'avant la crise financière.

«C'est un bon signe pour l'économie du Québec. Les transactions de rachat et de capital de développement surviennent quand les gens ont confiance dans l'économie. C'est quand on pense que les entreprises peuvent grandir qu'on achète ou qu'on investit», indique Geneviève Morin, coprésidente de Réseau Capital, association du capital investissement du Québec.

Les six premiers mois de l'année ont été particulièrement fertiles en mégatransactions, dont plusieurs ont permis aux entreprises québécoises de partir à la chasse à l'étranger.

C'est le cas de l'investissement de la Caisse de dépôt de 1 milliard de dollars dans le Groupe CGI, qui a avalé la britannique Logica pour 2,8 milliards.

La Caisse et le Régime de pension du Canada ont aussi investi 98,5 millions chacun en juin dans la firme de génie Genivar lors d'un autre gros coup réalisé au Royaume-Uni: l'acquisition de la multinationale WSP.

La Caisse (encore elle) et le Fonds de solidarité FTQ ont aussi fait un placement de 120 millions dans la Banque Laurentienne au moment de l'achat de l'ontarienne Compagnie de Fiducie AGF.

Le rachat de GDI Groupe Distinction par le fonds ontarien Birch Hill Equity Partners pour 153 millions et le rachat du Groupe GFI Solutions pour 75 millions par les membres de la direction font aussi partie des grandes transactions du trimestre.

Même si les transactions importantes ont attiré l'attention, 32% des sommes ont toutefois été investies dans des transactions de 100 millions et moins au Québec, ce qui reflète l'économie de PME de la province. La proportion n'est que de 18% dans l'ensemble du Canada.

Le capital-risque en baisse

Le capital-risque connaît quant à lui de moins bons jours. Cet argent misé sur des entreprises souvent non rentables dans l'espoir d'en faire des Google ou Facebook a chuté de 25% au deuxième trimestre par rapport à l'an dernier. Les investissements avaient été encore plus faméliques au premier trimestre, où le plongeon avait atteint 63%.

«Le trimestre précédent avait été anémique, mais celui-ci n'est pas désastreux. Ça reste un niveau bas, mais on voit quand même un certain rétablissement», dit Geneviève Morin, de Réseau Capital.

En tout, 96 millions ont été misés sur de jeunes entreprises québécoises au cours du trimestre. Mme Morin se rassure en voyant que si les fonds n'investissent pas beaucoup dans les entreprises, ils renflouent toutefois leurs coffres, ce qui laisse penser qu'ils auront des munitions pour soutenir les entrepreneurs dans l'avenir. Les fonds établis au Québec ont en effet récolté 748 millions depuis le début de l'année, soit 52% de tout l'argent recueilli au Canada.

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CAPITAL INVESTI DANS LES ENTREPRISES AU QUÉBEC

2,7 milliards durant les six premiers mois de 2012

1,3 milliard durant toute l'année 2011

Source: Réseau Capital