L'Office québécois de la langue française (OQLF) soutient ne pas avoir le pouvoir d'intervenir dans le dossier de la langue de travail du futur gouvernement régional de la Baie-James, même si certaines dispositions sur le libre choix entre l'anglais et le français comme langue de travail paraissent entrer en contradiction avec les dispositions de la loi 101 faisant du français la langue de travail au Québec. De plus, l'OQLF refuse de donner suite aux plaintes qui lui sont acheminées sur le sujet.

«C'est vraiment difficile de pouvoir se prononcer sur quelque chose qui n'existe pas encore, a expliqué Martin Bergeron, porte-parole de l'Office. Il y a un texte d'entente, mais la structure n'existe pas. Pour appliquer la loi, il faut que la structure existe», a-t-il dit avant d'inviter le journaliste à communiquer avec le Secrétariat aux affaires autochtones (SAA) pour avoir réponse à ses questions.

Le SAA a déjà soutenu que le gouvernement régional était assujetti à la Charte de la langue française. Le futur gouvernement régional remplace la municipalité de Baie-James, ainsi que d'autres institutions jamésiennes où le français est la langue de travail. Les Jamésiens sont les habitants non autochtones de la Baie-James. On dénombre environ 14 000 Jamésiens et 16 000 Cris sur le territoire. Ceux-ci auront chacun 11 représentants au gouvernement régional au cours des 10 premières années.

La position de l'Office de la langue française laisse perplexes tant la Centrale des syndicats démocratiques (CSD) que le Mouvement Québec français, deux organismes qui ont déposé des plaintes en regard de la langue du travail du futur gouvernement régional de la Baie-James.

Les devoirs de l'OQLF

«L'Office a la responsabilité de s'assurer que cette entente, juridiquement, tient la route, a dit Serge Tremblay, trésorier et responsable de la francisation des milieux de travail. J'ose espérer qu'il va faire ses devoirs.» M. Tremblay a d'ailleurs rencontré la présidente-directrice générale de l'OQLF, Louise Marchand, le mardi 14 août pour la sensibiliser à ce que la CSD appelle «une brèche importante dans la loi 101».

La Presse Affaires n'a pas réussi à parler à la PDG. On voulait vérifier les propos de M. Tremblay qui soutenait, au lendemain de sa rencontre avec Mme Marchand que l'entente sur le gouvernement régional de la Baie-James «préoccupe grandement les gens à l'Office.»

Quant au Mouvement Québec français, il a déposé sa plainte le 15 août. Selon l'organisme, les articles 109 à 111 de l'entente ne sont pas conformes à la loi 101. «Ça démontre les limites du pouvoir de l'Office et la nécessité de renforcer la Charte de la langue française», a dit Mario Beaulieu, président, quand on lui a demandé son avis sur la position adoptée par l'OQLF dans le dossier.