Les jeunes ne sont pas descendus dans la rue pour dénoncer le déséquilibre intergénérationnel à la Régie des rentes du Québec (RRQ). Pourtant, les sommes en jeu sont plus importantes que la hausse des droits de scolarité qui soulève les passions.

«D'ici 2017, les jeunes vont verser exactement trois fois plus en cotisation à la RRQ que des gens en 1986, sans que les prestations aient été bonifiées», rapporte Patrik Marier.

En fait, les cotisations vont grimper de 3,6% du salaire en 1986, à 10,8% en 2017 (payées 50/50 par l'employeur/l'employé). Cette augmentation signifie qu'un travailleur qui gagne 50 000$ devra verser plus de 3000$ de plus chaque année.

Ainsi, les jeunes travailleurs auront un rendement anémique sur leurs cotisations, alors que leurs prédécesseurs ont eu une rente à rabais. «Il y a une iniquité intergénérationnelle incroyablement apparente», dit Yves Trudel, professeur de finances à l'Université de Sherbrooke.

«C'est une taxe implicite qu'on fait payer aux travailleurs pour financer les prestations des retraités qui sont indûment élevées par rapport aux cotisations qu'ils ont eu à verser», remarque-t-il.

D'où vient cette injustice? Créée en 1966, la RRQ traîne des déficits parce que le gouvernement a toujours été lent à ajuster le taux de cotisation pour tenir compte du vieillissement de la population et de la faiblesse des rendements.

Chaque fois, l'équilibre a été rétabli en augmentant le taux de cotisation. Ce sont toujours les cotisants qui assument tous les risques. «C'est très surprenant, indique M. Marier. Je ne connais aucun autre endroit au monde où il n'y a aucun partage du risque économique et démographique.»

Dans plusieurs pays, comme la Suède, le niveau des cotisations et des rentes de retraite varie selon une formule beaucoup plus équitable qui tient compte de la croissance démographique, la santé de l'économie, l'inflation, etc.

Et surtout, il y a une répartition du risque entre les retraités et les travailleurs.

Engagement:

Aucun parti n'a fait de promesse. Il faut dire que l'enjeu est excessivement délicat et qu'il passe plutôt inaperçu. «Les étudiants qui arrachent leur chemise pour la hausse des frais de scolarité, alors qu'ils vont avoir à cotiser trois fois plus à la RRQ durant toute leur vie... Ils n'ont pas compris où est l'enjeu!», s'étonne M. Trudel.

LE TAUX DE COTISATION À LA RRQ ATTEINDRA 10,8%, TROIS FOIS PLUS QU'EN 1986.