Le gouvernement Charest a pris le pouvoir en 2003 avec la promesse de réduire les impôts des particuliers de 1 milliard de dollars par année. Presque 10 ans plus tard, qu'en est-il vraiment?

Les familles, surtout celles à faibles revenus, ont été vraiment choyées. Mais pour la classe moyenne, le bilan est plus mitigé, car les baisses d'impôts ont été partiellement effacées par la hausse des taxes et tarifs.

Priorité aux familles

Revenons en arrière... Dans son premier vrai budget, en 2004, le ministre des Finances, Yves Séguin, annonce un allègement d'environ 1 milliard, comme promis. Mais la majorité des «économies» d'impôts est destinée aux familles à revenus modestes qui paient peu ou pas d'impôt.

Concrètement, Québec remplace les anciennes allocations familiales par le programme de soutien aux enfants qui apporte 547 millions par an. Il crée la prime au travail (243 millions) pour aider les travailleurs à faibles revenus à franchir le «mur de l'aide sociale». Le ministre Séguin abolit aussi le double régime d'imposition (simplifié et général), accordant au passage un cadeau de 219 millions à l'ensemble des travailleurs.

Mais le budget vise surtout la lutte à la pauvreté. «Plus de 40% du milliard de dollars sont allés aux ménages gagnant moins de 25 000$ par an», rappelle Luc Godbout, professeur de fiscalité à l'Université de Sherbrooke.

Avec ce budget, une famille avec deux revenus totalisant 20 000$ s'est enrichie de près de 4000$ par année. «Ce n'est pas rien!» s'exclame M. Godbout. Par contre, les familles de classe moyenne restent sur leur faim: celles qui gagnent plus de 90 000$ n'ont pas un cent de plus dans leurs poches.

Mais en 2006, elles auront droit à leur part du gâteau. En 2006, le Régime québécois d'assurance parentale voit le jour. Les prestations peuvent atteindre jusqu'à 75% du salaire, contre seulement 55% avec l'assurance emploi. Toutefois, il ne s'agit pas d'un cadeau de Québec, puisque le régime est financé à même des cotisations.

Baisse d'impôts, hausse des tarifs

Après avoir aidé les familles, Québec se tourne vers les travailleurs. Michel Audet, qui a pris les commandes des Finances, accorde une déduction d'impôt aux travailleurs, en 2005 et en 2006. Cela représente une économie globale d'environ 300 millions pour chaque année.

Lors de la campagne électorale de 2007, les libéraux promettent des économies d'impôts historiques. Chose promise, chose due: la ministre des Finances Monique Jérôme-Forget livre une baisse d'impôt de 950 millions de dollars, du jamais vu.

«Mais il fallait des revenus d'au moins 30 000$ pour profiter de l'économie, et au-dessus de 75 000$ pour obtenir l'économie maximale qui était plafonnée à environ 970$», indique M. Godbout.

En 2010, Québec change de cap et reprend une bonne partie de ses largesses.

Suivant le principe de l'utilisateur-payeur, Raymond Bachand annonce l'augmentation de la taxe de vente (TVQ) qui est passée de 7,5%, à 8,5% en 2011, puis à 9,5% en 2012. Le ministre des Finances augmente aussi de 4 cents le litre la taxe sur le carburant et il instaure la contribution pour le système de santé. Chaque adulte doit payer 100$ en 2010, puis 200$ en 2012.

À terme, ces mesures coûteront 4 milliards aux contribuables... presque autant que l'ensemble des allègements annoncés par les libéraux depuis 2003 (5,4 milliards).

Les plus démunis ne subiront pas le choc, car la hausse des taxes et tarifs sera effacée par le nouveau crédit à la solidarité, issu du regroupement et de la bonification de trois anciens crédits (TVQ, impôts fonciers, villages nordiques).

Par contre, l'augmentation des taxes et tarifs fera un trou de plus de 1000$ par année dans le budget des familles de la classe moyenne. Et cela ne tient pas compte de l'augmentation des droits de scolarité, annoncée en 2011, qui a provoqué le mouvement de protestation monstre de la part des étudiants au printemps dernier.

SOS retraite

En 2011, Québec annonce aussi des changements majeurs à la Régie des rentes du Québec. Pour assurer la pérennité de la RRQ, Raymond Bachand augmente les pénalités pour les travailleurs qui prennent une retraite anticipée. Dès 2014, la rente sera amputée de 7,2% par an, au lieu de 6% présentement, pour ceux qui partent avant 65 ans.

De plus, le gouvernement Charest annonce une hausse des contributions qui passeront graduellement de 9,9% du salaire (payable moitié-moitié employeur-employé) à 10,8% en 2017.

Les grandes mesures touchant les particuliers:

- Création du programme de soutien aux enfants et de la prime au travail en 2004-2005

- Mise en place du régime d'assurance parentale, qui voit le jour en 2006

- En 2007, annonce de baisses d'impôt record de 950 millions par année visant les classes moyenne et supérieure

- Hausse graduelle de la TVQ, qui grimpe de 7,5% en 2010 à 9,5% en 2012

- Virage utilisateur-payeur: création d'une contribution santé, hausse des droits de scolarité, etc.