C'est une grosse, très grosse bouchée qu'a annoncée hier Genivar après la fermeture des marchés. Avec l'aide de la Caisse de dépôt et de l'Office d'investissement du Régime de pensions du Canada (OIRPC), la firme de génie québécoise avale WSP Group, une entreprise britannique qui fait presque deux fois sa taille.

La transaction, d'une valeur de 442 millions de dollars, a déjà reçu l'aval du conseil d'administration de WSP. Genivar affirme aussi avoir déjà l'appui de 35% des actionnaires. Geniva promettait depuis un moment de frapper un grand coup et hisser ses revenus à 1,5 milliard d'ici 2014.

«Cette transaction capitale représente une étape clé dans l'histoire de Genivar. L'alliance de nos entreprises entraînera la création de l'une des plus grandes firmes de services professionnels du monde», a dit Pierre Choiry, par voie de communiqué.

Genivar s'expliquera davantage aujourd'hui en conférence de presse.

La supertransaction rappelle en plusieurs points le coup d'éclat annoncé la semaine dernière par CGI, qui avait aussi décidé d'acheter une entreprise plus importante qu'elle au Royaume-Uni avec le support de la Caisse de dépôt.

Cette fois, la Caisse et l'OIRPC injectent chacun 98,5 millions dans Genivar, faisant passer leur participation à 14,6% chacun. Les deux caisses de retraite avaient aussi injecté chacune 80 millions dans Genivar en décembre.

Avec cette transaction, Genivar se hisse parmi les 20 plus grands groupes de génie-conseil du monde. Le nombre d'employés bondira de 5500 à 14 500. Le chiffre d'affaires combiné des deux entreprises s'élève à 1,8 milliard, comparativement à 652 millions pour Genivar actuellement.

Genivar offrira 4,35 livres sterling pour chaque action de WSP, une prime de 67% par rapport au prix de clôture de mercredi. En incluant les engagements envers les régimes de retraite, la transaction atteint 637 millions.

La transaction sera payée comptant, notamment grâce à l'appui de la Caisse et de l'OIRPC. Genivar a aussi négocié une nouvelle marge de crédit de 400 millions.

Créer des leaders mondiaux

Après deux gros coups en deux semaines, que nous réserve maintenant la Caisse?

«On ne fera quand même pas des annonces de cette ampleur-là tous les jours au cours des prochaines semaines», a répondu en riant à La Presse Affaires Normand Provost, premier vice-président, placements privés, à la Caisse.

Plus sérieusement, M. Provost a expliqué que la Caisse souhaitait épauler les entreprises québécoises dans leurs projets d'expansion au moment où les marchés sont capricieux et les capitaux parfois difficiles à trouver.

«Je trouve tellement intéressant de voir nos entreprises québécoises se positionner sur l'échiquier international et devenir des leaders mondiaux. Et nous, quand on peut donner un petit coup de pouce, on le fait», a dit M. Provost.

Genivar, qui dit avoir mijoté cette transaction pendant plusieurs mois, a jeté son dévolu sur WSP pour une raison simple: la britannique est présente dans les mêmes secteurs d'affaires qu'elle, mais occupe des marchés géographiques différents.

«L'Europe du Nord, le Royaume-Uni, l'Autralie, l'Inde... Ils sont partout où nous ne sommes pas», a résumé la porte-parole de Genivar, Isabelle Adjahi. Genivar est surtout présente au Canada, avec des activités en France, en Colombie, à Trinité-et-Tobago et aux États-Unis.

Quant aux secteurs d'activité, Genivar et WSP ont des savoir-faire étonnamment similaires, que ce soit le bâtiment, l'énergie, l'environnement ou le transport.

Comme c'est souvent le cas en ingénierie, l'offre de Genivar, loin d'être hostile, résulte plutôt d'une négociation entre les deux partis. La raison en est simple: les principaux actifs des firmes de génie-conseil sont les employés, et ceux-ci sont très mobiles et peuvent faire défection si la culture de leur nouvelle entreprise ne leur plaît pas.

«Le plus important pour nous, c'est que les valeurs et la culture d'entreprise de WSP correspondent aux nôtres», dit d'ailleurs Isabelle Adjahi au sujet de la transaction.

Le président de WSP, Christopher Cole, deviendra d'ailleurs président du conseil de Genivar.

Genivar affirme que la décision d'acheter au Royaume-Uni n'a pas été motivée par l'incertitude et les difficultés économiques qui frappent actuellement l'Europe.

Annoncée après la fermeture des marchés, la transaction n'a pas influencé le titre de Genivar, qui a perdu 4 cents, ou 0,16% hier, pour clôturer à 25,05$.