La Caisse de dépôt augmentera la part de son avoir investie dans les placements privés, les infrastructures et l'immobilier et, par voie de conséquence, diminuera la part relative de ses investissements dans les sociétés cotées en Bourse, a indiqué hier son patron Michael Sabia, dans une allocution.

«Des investissements dans des actifs que nous comprenons en profondeur, des actifs concrets, qui ont une valeur intrinsèque, plus résiliente, ont beaucoup plus d'attrait et de sens pour nous», a-t-il déclaré dans une allocution à la tribune du Cercle canadien de Montréal. «Ça veut dire investir dans des compagnies qui offrent des services ou fabriquent des objets de tous les jours; des infrastructures que les gens utilisent au quotidien; des immeubles où les gens habitent, travaillent, magasinent.»

Le président et chef de la direction de la Caisse de dépôt a dévoilé le plan de match de la Caisse au cours des prochaines années lors d'une causerie à l'hôtel Reine-Elizabeth.

Ce changement de stratégie survient à un moment où d'aucuns trouvent les actions bon marché, notamment sur la base du ratio cours-bénéfices. En date du 4 juin, les actions de l'indice du S&P 500 aux États-Unis se vendent à 14,65 fois les profits des 12 derniers mois, près d'un point sous leur moyenne historique de 15,48 fois.

Au 31 décembre 2011, la Caisse consacrait 35,9% de son portefeuille aux actions de sociétés cotées en Bourse, en légère baisse de 30 points de base par rapport à 2010. Ce pourcentage est appelé à décroître graduellement.

Pourquoi ce virage vers les placements privés à ce moment-ci? «Nous allons de plus en plus mettre l'accent sur les marchés privés parce que, dans un monde excessivement volatil, les marchés privés donnent l'occasion d'obtenir un rendement intéressant dans un environnement moins volatil», a-t-il expliqué dans un point de presse qui a suivi son allocution.

La Caisse investira peut-être moins d'argent en Bourse, dans moins de sociétés; mais ses participations seront plus importantes, un peu à l'image de ce qu'elle a fait dans CGI la semaine dernière.

La Caisse a ajouté 1 milliard de dollars dans le capital-action de la société montréalaise en TI pour lui permettre d'acquérir Logica, de Londres. Si la transaction se concrétise, la Caisse détiendra l'équivalent de 22,2% des actions émises de CGI.

«C'est logique que, d'ici trois ou quatre ans, nos positions soient plus importantes, parce que nous aurons fait le travail nécessaire pour justifier une telle position», a-t-il expliqué aux journalistes.

M. Sabia a aussi donné l'exemple des banques canadiennes pour illustrer l'impact de la nouvelle stratégie d'investissement de la Caisse. «À l'heure actuelle, la Caisse a des actions de toutes les grandes banques qui sont importantes dans l'indice TSX. À l'avenir, notre but est d'investir seulement dans les deux ou trois meilleures banques.»

La gestion indicielle au second plan

La gestion indicielle passe donc au second plan à la Caisse, bien que cette option est toujours offerte aux déposants qui l'exigent. «Nous sommes moins convaincus que la diversification va livrer la marchandise à l'avenir. C'est davantage la connaissance qui comptera», a-t-il dit.

Pour raffiner la qualité de ses analyses d'investissement, la Caisse mettra des sous dans des outils d'analyse de risques non financiers et embauchera une série de spécialistes de la production: des ingénieurs miniers, des géologues, des experts des télécoms et des transports.