La belle lancée que connaissait le Québec en capital de risque vient de s'arrêter brusquement. Les investissements dans la province ont chuté de 63% au premier trimestre de l'année, selon des chiffres qui seront dévoilés aujourd'hui par l'association québécoise Réseau capital.

«Il faut espérer que ce soit un petit hoquet plutôt qu'une nouvelle tendance, a commenté Geneviève Morin, coprésidente de Réseau capital. Mais c'est sûr que, si ça se poursuit au prochain trimestre, il va falloir se poser des questions.»

Le capital de risque est cet argent misé sur de jeunes entreprises encore non rentables, souvent technologiques, dans l'espoir de les voir percer. Allant contre les tendances observées aux États-Unis et dans le reste du Canada, le Québec avait connu une très bonne année 2011, au point où les observateurs avaient parlé d'une «d'exception québécoise».

La création du fonds Teralys et des fonds d'amorçage destinés aux entreprises en démarrage, des initiatives largement financées par Québec, avait été montrée du doigt pour expliquer les bonnes nouvelles. La maigre collecte de 54 millions enregistrée au premier trimestre de 2012 est jugée d'autant plus «étonnante» par Mme Morin que ces initiatives sont toujours en place.

Le secteur technologique a particulièrement écopé, les récoltes atteignant à peine 9 millions en sciences de la vie (comparativement à 55 millions un an plus tôt) et un anémique 5 millions en technologies de l'information.

Selon Geneviève Morin, le Québec est peut-être en train de payer pour un problème observé l'an dernier: pendant que les investissements coulaient à flot, les coffres des fonds qui investissaient ne se remplissaient pas. Bref, l'argent sortait, mais n'entrait pas.

La tendance s'est inversée pour les premiers mois de l'année 2012. La collecte de fonds a ainsi plus que doublé pendant le premier trimestre pour atteindre 742 millions.