Investissement Québec, banque d'affaires du gouvernement québécois et gestionnaire de son Fonds de développement économique, porte une nouvelle casquette depuis que l'institution a pris en charge Ressources Québec, la filiale qui coordonnera les investissements du gouvernement dans les secteurs de l'exploitation minière et des hydrocarbures. Un virage plein nord pour son PDG Jacques Daoust.

Investissement Québec (IQ) vient de compléter sa première année d'activité depuis sa fusion avec la Société générale de financement. Le bras financier du gouvernement a aussi réalisé quelque 1400 interventions dans des entreprises durant son dernier exercice financier.

Jacques Daoust préside IQ depuis cinq ans maintenant et il constate avec le recul combien l'institution a été occupée.

On a eu dans un premier temps à mettre sur pied le plan de sauvetage de l'industrie forestière. Puis est arrivée la crise financière au cours de laquelle on a créé le programme Renfort qui visait à contrer les effets du resserrement de crédit. Il fallait garder à flot les liquidités des entreprises. On a mis plus de 2 milliards dans ce programme-là. Il a été fort utile», observe le PDG.

C'est donc sans grandes appréhensions que Jacques Daoust pilote maintenant la mise sur pied de Ressources Québec, la filiale qui va orchestrer la prise de participations dans le capital de sociétés minières pour espérer récolter une plus grande part des profits anticipés par le déploiement du Plan Nord.

C'est un mandat nouveau pour nous. Il faut générer de la richesse durant des années pour les générations futures. Habituellement, nos placements sont d'une durée de 5 à 7 ans. On a ce qu'on appelle une stratégie de sortie.

Là, c'est différent. On va adopter une stratégie de buy and hold. On achète et on garde notre placement pour récolter des dividendes durant des années et pour participer aux profits que l'exploitation va générer», précise Jacques Daoust.

Budget et opération

Avec Ressources Québec, IQ va cependant poursuivre une double mission. Dans la vie de tous les jours, l'institution développe ses propres projets d'investissements - avec ses fonds propres - et assure la réalisation des projets d'intervention du ministère du Développement économique en administrant le Fonds de développement économique du Québec.

On a pour plus de 7 milliards d'investissements avec nos fonds propres, des investissements qu'on a réalisés sur une base d'affaires dans une multitude d'entreprises, mais on gère aussi pour plus de 4 milliards d'investissements du Fonds de développement économique.

Dans le deuxième cas, il s'agit d'investissements réalisés sur une base économique, comme investir dans une entreprise localisée dans une région où le taux de chômage est de 20%. Même s'il s'agit d'un investissement risqué, il a une fonction économique», nuance le PDG d'IQ.

Avec Ressources Québec, IQ s'est fait octroyer un budget de 250 millions. Ce sont ses fonds propres qui vont être investis sur une base d'affaires dans ses projets, selon son évaluation.  

À ces 250 millions s'ajoutent les actifs de 235 millions qui sont hérités de la Société québécoise d'exploitation minière (SOQUEM) qui a été fondue dans la nouvelle filiale Ressources Québec.

Les actifs de SOQUEM sont essentiellement sa participation de 37% dans la société minière Storneway - et sa propriété diamantaire Renard - ainsi que 62% de la mine Arnaud où l'on va extraire de l'apatite, un minerai riche en phosphate qui est utilisé pour l'enrichissement des sols.

Enfin, le ministère des Finances a injecté 750 millions dans la création du fonds Capital Mines et Hydrocarbures, dont 500 millions devront être exclusivement investis dans des projets du Plan Nord, donc localisés au-dessus du 49e parallèle. Le solde de 250 millions pourra servir à des projets miniers en Abitibi ou dans les hydrocarbures en Gaspésie.

«Notre rôle dans la gestion du fonds Capital Mines et Hydrocarbures sera donc de trouver les projets intéressants et de les soumettre au gouvernement qui, lui, va décider s'il veut y investir ou non», précise Jacques Daoust.

Une première phase d'investissements

Le PDG d'IQ estime que le milliard de fonds dont il dispose sera investi sur une période de cinq ans, soit quelque 200 millions par année.

Il y a 20-25 projets miniers dans le Plan Nord. Après la phase d'exploration, lorsqu'on est certain qu'un gisement est exploitable, il faut investir entre 500 millions et 1 milliard pour construire la mine. On va donc prendre des positions très minoritaires dans quelques projets seulement», évalue Jacques Daoust.

IQ envisage de prendre des participations importantes - mais toujours minoritaires - dans des sociétés juniors et de participer par la suite au financement des opérations d'extraction des minerais.

On a 62% de la mine Arnaud et notre partenaire norvégien Yara en a 38%. On a un gisement exploitable, mais ça va coûter 750 millions pour monter la mine. On va donc vendre notre participation soit à Yara ou à un partenaire stratégique pour conserver une part minoritaire, mais ça va nous aider à financer en partie la construction de la mine», expose le banquier de formation.

Au total, IQ compte une cinquantaine d'employés dans le secteur minier. Une quarantaine d'entre eux, particulièrement des géologues, proviennent de SOQUEM, tandis qu'une dizaine sont issus des rangs de la SGF qui avait une filière d'investissements miniers.

Grâce à SOQUEM, on est propriétaire de 5500 claims miniers et on travaille sur 85 sites potentiels. On va investir 20 millions par année dans la prospection de gisements. Ce sont les géologues de SOQUEM qui ont trouvé le filon de diamant de la propriété Renard. Ils ont une très bonne connaissance du terrain», estime-t-il.