L'île de Montréal perd des résidants au profit de la banlieue, mais elle fait le plein des résidents temporaires qui entrent au Québec chaque année, selon une récente étude de l'Institut de la statistique du Québec (ISQ).

Le nombre des temporaires a crû de 50% au Québec dans la dernière décennie, passant de 61 800 à près de 96 000 résidents, entre 2000 et 2010, une augmentation de 34 000 personnes. Ce sont souvent des jeunes de moins de 35 ans, qui occupent des logements et font résonner les caisses enregistreuses des commerces de proximité.

Les résidents temporaires sont comptabilisés à part dans les statistiques sur l'immigration internationale. La plupart des travaux s'intéressent aux immigrants et les résidents permanents; beaucoup plus rares sont les recherches s'intéressant aux résidents temporaires.

Environ 7 résidents temporaires sur 10 vivent dans la région métropolitaine de recensement de Montréal. Plus précisément, c'est le cas des 78% des étudiants étrangers et 71% des travailleurs expatriés.

«Ce qu'on sait, c'est que la majorité des résidents temporaires s'établissent dans l'île de Montréal comme les immigrants, dit l'auteur de l'étude, Martine St-Amour. D'après moi, la majorité des temporaires résident au même endroit durant toute la durée de leur séjour, car ces gens sont souvent liés à un employeur ou à une institution.»

Outre les étudiants et les travailleurs étrangers, les résidents temporaires englobent aussi les demandeurs de statut de réfugié. En 2010, les travailleurs constituent 60% du total des entrées; les étudiants, 30% et les cas d'ordre humanitaire, 10%.

Le fort contingent de résidents temporaires s'explique principalement par l'augmentation des entrées des travailleurs étrangers. Fait méconnu, le nombre annuel de travailleurs étrangers qui entrent au Québec a augmenté de 65% depuis 10 ans. La France fournit près de 40% du lot de travailleurs temporaires.

De fait, le nombre de travailleurs en provenance de l'Hexagone ne cesse d'augmenter depuis 2004, année de l'entrée en vigueur de l'Accord sur la mobilité des jeunes entre la France et le Canada. Cet accord facilite la circulation des jeunes Canadiens et Français âgés de 18 à 35 ans, par l'entremise de quatre programmes dont le plus populaire reste le Programme Vacances Travail (PVT) qui permet à son détenteur d'avoir un permis de travail ouvert un an sans même avoir trouvé son employeur au préalable. Pour avoir droit au permis, les PVTistes doivent justifier avoir entre 2000$ et 3000$ en banque pour couvrir les frais des trois premiers mois.

Quelque 7000 permis écoulés en 11 jours

Signe que l'engouement des Français pour nos grands espaces ne se dément pas, les 6750 permis PVT destinés aux Français se sont envolés en 11 jours cette année, battant le précédent record de 30 jours, établi en 2011.

La popularité des PVT semble gagner aussi la Belgique. Le nombre de permis alloué aux Belges est passé de 500 à 750 cette année. Il reste encore 468 places disponibles au moment d'écrire ces lignes, d'après le portail Canada international du gouvernement canadien.

Au total, le nombre de jeunes travailleurs étrangers étant entrés au Québec dans le cadre d'une entente de réciprocité est passé de 2000, en 2000, à 12 000, 10 ans plus tard, précise Martine St-Amour.

De temporaires à permanents

Plus de 9 résidents temporaires sur 10 ont moins de 45 ans. Un peu plus de 45% ont moins de 25 ans. Certains temporaires deviennent ensuite des immigrants permanents. De fait, 9000 d'entre eux passent du statut de temporaire à permanent chaque année, dont 3000 de la catégorie des travailleurs étrangers. «Un peu plus d'un nouvel immigrant sur cinq a préalablement détenu le statut de résident temporaire», lit-on dans l'étude de l'ISQ.

Mme St-Amour souligne que plusieurs mémoires déposés dans le cadre de la consultation sur la planification de l'immigration au Québec pour la période 2012-2015 ont identifié l'immigration temporaire comme stratégie de sélection des immigrants permanents. On trouve notamment cette suggestion dans le mémoire de la Fédération des chambres de commerce du Québec.