L'industrie forestière crie encore à l'aide. La Fédération québécoise des municipalités (FQM) et le Conseil de l'industrie forestière du Québec (CIFQ) veulent plus d'aide de Québec pour «survivre» jusqu'à la reprise économique et préserver les quelque 60 000 emplois du secteur.

«C'est urgent... Il faut qu'il se passe quelque chose», a lancé Bernard Généreux, président de la FQM, en conférence de presse avec André Tremblay, pdg du CFIQ.

La nouvelle stratégie industrielle pour la foresterie devait être présentée  en novembre dernier. Elle a été reportée à mai 2012 à cause de la démission de la ministre aux Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, remplacée par Clément Gignac.

MM. Généreux et Tremblay veulent que cette nouvelle stratégie soit dotée d'une enveloppe annuelle de 100 millions $, pendant cinq ans. À cela s'ajouterait un 50 millions $ d'urgence cette année, pour les entreprises menacées.

Les forestières peinent à garder la tête au-dessus de l'eau, dit M. Tremblay. Depuis plusieurs mois, les économistes annoncent que la reprise économique approche, mais elle n'arrive pas, s'inquiète le CFIQ.

En plus de cette stratégie industrielle, les municipalités et l'industrie demandent la reconduction du Fonds de soutien des territoires en difficulté et du Fonds d'aide aux municipalités industrielles. Ces deux mesures ponctuelles, qui totalisaientenviron 25 millions $ par année, avaient été mises en place durant la crise.

Depuis 2006, selon les chiffres du ministère des Ressources naturelles, Québec a investi 7 milliards $ dans l'industrie forestière (4,2 milliards $ en programmes réguliers et 2,8 milliards $ en mesures spécifiques). En 2011-2012, Québec projette d'investir encore 1,14 milliards $.

Malgré cet argent, depuis 2005, 21 000 emplois ont été perdus, et près de 300 usines ont fermé. Seulement en décembre dernier, près de 1000 emplois ont été perdus dans le secteur. La FQM et le CFIQ demandent donc un peu plus pour augmenter leur productivité, moderniser leurs usines et adapter leurs produits à la demande.

Le PQ croit que Québec devrait donner plus à l'industrie forestière, sans toutefois s'engager à offrir les sommes demandées par la FQM et le CFIQ. «A priori, (leurs demandes) me semblent raisonnables», a réagi sa chef Pauline Marois. Elle reconnaît que les banques hésitent à financer les forestières. Québec devrait donc prendre le relai, croit-elle. «Je ne dis pas que c'est la règle, mais le gouvernement doit parfois le faire dans des conditions particulières», explique-t-elle.

Moins de bois

Dans les 10 dernières années, la possibilité forestière est passé de 30 à 19 millions de m3, rapporte Denis Trottier, critique du PQ dans le dossier. On estime qu'un million de m3 équivaut à 2500 emplois. Et le bois disponible pourrait continuer de diminuer avec le nouveau régime forestier, qui entrera en vigueur en avril 2013. Ce régime «crée énormément d'incertitude», se plaint M. Tremblay. Il mettra fin aux contrats d'approvisionnement et d'aménagement forestier. La forêt sera plutôt graduellement mise aux enchères.

Le gouvernement Charest a fait quelques annonces récentes, entre autres un investissement de 232,7 millions $ à Lebel-sur-Quévillon. À la période des questions mercredi, la chef du PQ, Pauline Marois, a indiqué que plusieurs maires, dont celui de Lebel-sur-Quévillon, critiquaient le manque d'aide du premier ministre. Fait inusité, le maire de la municipalité, Gérald Lemoyne, s'est empressé d'envoyer une lettre au bureau du premier ministre pour lui réitérer son appui. Quelques minutes plus tard, juste avant la fin de la séance, M. Charest la tenait dans ses mains. Elle se terminait par la phrase: «En espérant que le tout sera à votre convenance».