Les liaisons dangereuses entre SNC-Lavalin et la famille Kadhafi viennent de faire rouler deux têtes, et non les moindres: le géant du génie québécois a annoncé hier soir le congédiement de deux de ses hauts dirigeants.

Riadh Ben Aïssa, vice-président directeur de SNC-Lavalin, à la tête de la division construction de la firme, a été remercié de ses services. Responsable des contrats de SNC en Afrique du Nord, il avait tissé des liens étroits avec le clan Kadhafi au fil des ans. Le régime dictatorial était l'un des plus importants clients de la firme à l'étranger.

Stéphane Roy, vice-président aux finances de la division construction, s'est également fait montrer la porte. Le 11 novembre, M. Roy avait assisté à l'arrestation de l'une des quatre personnes inculpées de complot pour faire passer clandestinement des membres de la famille Kadhafi au Mexique.

Une Canadienne, Cynthia Vanier, est accusée par les autorités mexicaines d'avoir été la tête dirigeante de ce complot.

M. Roy a expliqué sa présence à Mexico, en novembre, par le fait qu'il voulait explorer des projets de traitement des eaux. Des employés de SNC ont pourtant souligné à la CBC que le développement de l'entreprise n'était pas son mandat.

«Des questions concernant la conduite d'employés de SNC-Lavalin ont récemment alimenté l'opinion publique. SNC-Lavalin réitère que tous ses employés doivent respecter son Code de déontologie et de conduite dans les affaires», explique la firme dans son communiqué.  

Depuis quelques jours, rien n'allait plus au siège social de SNC-Lavalin. Selon la CBC, une vingtaine de gestionnaires ont soulevé des questions sur le rôle de M. Ben Aïssa et de M. Roy dans cette affaire. Ces gestionnaires craignent que Mme Vanier ne soit qu'un bouc émissaire. Et que SNC-Lavalin ait perdu son «compas moral», quelque part en Libye, au cours de la dernière année.