Les jours où seuls les illuminés ou les hommes d'affaires guidés par leurs émotions devenaient propriétaires d'une équipe de soccer à Montréal sont officiellement terminés.

Le Fonds de solidarité FTQ a lancé le signal, vendredi en conférence de presse, que le soccer professionnel d'ici constitue désormais une entreprise financièrement viable et potentiellement profitable. Il a annoncé une prise de participation minoritaire, dont le pourcentage n'a pas été précisé, dans l'Impact de Montréal en vue de son entrée en Major League Soccer (MLS).

«On aime ce qu'on voit, a indiqué Yvon Bolduc, président et chef de la direction du Fonds de solidarité FTQ. On y croit profondément. On croit que le soccer deviendra de plus en plus populaire, non seulement en Amérique du Nord mais aussi à Montréal et au Québec, et on veut faire partie de cette croissance.

«Ça va être profitable, a ajouté M. Bolduc à propos de l'Impact. On est convaincu que la valeur de la franchise de l'Impact va continuer d'augmenter et ça c'est une bonne nouvelle pour tous nos actionnaires.»

À son avis, la MLS «est une ligue qui est très bien gérée, qui a une approche créative au niveau de la propriété et c'est un produit qui s'améliore d'année en année. La valeur des franchises augmente, le prix d'entrée augmente, alors c'est bon signe. Et les ententes avec les différents réseaux de télévision font en sorte que ça va amener encore plus d'eau au moulin au niveau de la valeur et de la connaissance du produit.»

Le Fonds injectera 7,5 millions en capital-actions et en commandite. C'est Free-2-Play, société en commandite qui gère l'Impact, qui profitera de l'investissement.

«C'est important pour nous parce que ça nous donne un partenaire qui va nous aider en dehors du terrain. Et c'est sûr qu'avec le Fonds, on s'ouvre une porte sur le Québec inc.», a souligné Joey Saputo, président de l'Impact, en évoquant ce «partenariat majeur».

Depuis que la Brasserie Molson a fait vivre le Manic de Montréal pour une éphémère période de trois saisons dans la défunte Ligue nord-américaine de soccer, de 1981 à 1983, Joey Saputo a été le seul homme d'affaires d'envergure à mettre sur pied une équipe de soccer professionnel. Les efforts d'autres gens n'ont donné que des résultats mitigés, comme dans le cas de Frank Aliaga, qui n'avait pas les mêmes moyens financiers, avec le FC Supra en 1991 et 1992. Ou encore elles ont carrément viré au désastre, comme en 2001 avec le Groupe Ionian.

Joey Saputo a été l'un de ces gestionnaires animés par l'émotion. Mais cette émotion, avec le temps, a fini par être guidée par une logique plus rationnelle. Ç'a permis à l'Impact de se bâtir une base de partisans de plus en plus importante et investir dans le club a cessé d'être une question de foi aveugle. Le résultat, aujourd'hui, est que l'homme d'affaires d'origine italienne se sent moins seul qu'à l'époque où il a fondé l'Impact, en 1993.

«C'est vrai, quand on a commencé, j'étais tout seul. Mais maintenant, je dois dire que j'ai l'appui de beaucoup de personnes et avoir celui du Fonds, ça fait chaud au coeur», a commenté Saputo.

Lorsqu'un passage à la MLS avait initialement été proposé, il y a quelques années, il avait été question que M. Saputo s'allie à George Gillett, alors propriétaire du Canadien. Les difficultés financières de ce dernier, notamment avec le club de soccer anglais de Liverpool, l'ont amené à se désister.

Malgré cette ouverture initiale à un partenaire d'affaires, Saputo n'en a pas cherché d'autre par la suite et c'est la FTQ, déjà actionnaire minoritaire du Canadien de Montréal, qui a récemment approché l'Impact dans ce but.

«On ne cherchait pas comme tel», a reconnu Joey Saputo en affirmant que l'investissement de sa famille à titre de propriétaire, en plus de quelques commandites majeures, suffisaient dans le contexte d'une première année en MLS.

«(Le Fonds) nous a approchés dans le but de s'impliquer dans le soccer. Déjà associé à plusieurs grandes compagnies québécoises comme Bombardier et Juste pour Rire, ses dirigeants voyaient le potentiel du soccer et ils voulaient être impliqués dans son développement», a dit le président de l'Impact.

«C'est sûr qu'ils ne font pas un investissement de cette envergure s'ils ne croient pas en l'avenir du sport, à la direction en place. Cette décision nous dit qu'on est dans la bonne voie», a-t-il ajouté.

Saputo a reconnu que l'injection d'argent de la part de la FTQ pourrait aider l'Impact dans sa quête pour embaucher un joueur étranger de prestige, sans se limiter à cela.

«C'est un investissement qui va nous aider dans tout, a-t-il souligné. Les joueurs, le stade, l'Académie... Ils sont un actionnaire. Si on pense que c'est important d'avoir un joueur désigné, on prendra des décisions ensemble.»

25 000 billets vendus

Joey Saputo a aussi annoncé que 25 000 billets avaient été vendus, vendredi matin, en vue du match d'ouverture local au Stade olympique, le 17 mars. Et ce, moins de 48 heures après le début de la vente des billets à l'unité.

«On a toujours dit que Montréal est une ville d'événements et on aura cinq événements au Stade olympique, a-t-il noté. On espère que les gens verront alors le type de soccer qu'on joue et nous suivrons au Stade Saputo ensuite. Je suis surpris mais content, et je pense qu'on peut atteindre notre objectif de 58 000 spectateurs et plus. Avec l'aide de tout le monde, on va le faire.»