Transat met la main sur le plus vieux voyagiste québécois, Vacances Tours Mont-Royal.

Transat n'a pas voulu donner de détails financiers sur la transaction, qui entrera en vigueur le 1er février prochain. L'entreprise a toutefois fait savoir que Tours Mont-Royal continuera à fonctionner de façon distincte au sein de Transat. Tours Mont-Royal continuera à utiliser sa propre marque de commerce, TMR, et à faire affaire avec ses partenaires hôteliers actuels. Il conservera également les effectifs actuels, soit 80 employés à Montréal et 50 dans les destinations qu'elle dessert.

Toutefois, les deux principaux dirigeants, Yvon Michel et Michel Parent, prendront leur retraite après une période de transition.

«Laisser son enfant partir de la maison, ce n'est pas facile, a commenté le président de Tours Mont-Royal, Yvon Michel, dans une entrevue téléphonique avec La Presse Affaires hier. Mais il faut se rendre à l'évidence, il faut faire des choix.»

Il a ajouté qu'être grossiste était un «métier à haut risque»: il faut faire des pieds et des mains pour remplir les avions, semaine après semaine.

«De se débarrasser de ce poids-là, je ne vais pas m'en plaindre», a déclaré M. Michel, qui aura 63 ans dans quelques mois.

Il a ajouté que d'un côté professionnel, il était de plus en plus difficile d'agir en tant qu'indépendant.

«Ça commence à défier les règles de la logique quand l'entourage, ce sont tous des géants mondiaux. Nous étions de plus en plus à risque de nous retrouver dans un cul-de-sac, sans partenaire pour nous épauler.»

Tours Mont-Royal a commencé ses activités en 1969. Ses ventes tournent autour de 280 millions de dollars. Le voyagiste transporte environ 200 000 personnes par année, essentiellement vers des destinations soleil comme Cuba, la République dominicaine et le Mexique. «Nous sommes restés au Québec, nous avons choisi de ne pas nous éparpiller et de nous consacrer à la clientèle québécoise, que nous connaissons bien, a indiqué M. Michel. Ça nous a bien servi jusqu'ici, mais la mondialisation fait son oeuvre: soit on s'accroche à un plus gros train, soit on va sur la voie de garage.»

En faisant l'achat de Tours Mont-Royal, Transat acquiert à la fois un concurrent et un client. Tours Mont-Royal achetait 180 000 sièges à bord des vols d'Air Transat chaque année. «La transaction va nous permettre de consolider la vente de ces sièges et de renforcer notre offre de services à la clientèle dans des marchés où nous sommes très présents», a déclaré la porte-parole de Transat, Debbie Cabana.

Dans une note, l'analyste Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, souligne la valeur stratégique de l'acquisition.

«Elle solidifie sa position de chef de file au Québec et elle assure qu'un concurrent ne s'emparera pas d'une marque très respectée», écrit-il.

Il rappelle que le bilan de Transat est particulièrement solide, avec des liquidités de 182 millions de dollars. L'entreprise peut donc facilement se payer Tours Mont-Royal, une transaction qui devrait tourner autour de 5 millions, estime l'analyste.

Le dernier grand concurrent de Transat au Québec, Sunwing, a accueilli la nouvelle avec philosophie.

«C'était écrit dans le ciel, a déclaré le directeur général du Groupe voyages, Sam Char, à La Presse Affaires. Ils avaient une entente commerciale depuis 16 ou 17 ans, c'était naturel.»

Il a indiqué que Sunwing continuera à se concentrer sur ses employés et sur sa clientèle. «Nous verrons ce que ça va donner comme synergie au niveau des prix et de l'achat des chambres d'hôtel», a-t-il déclaré.

L'action de catégorie B de Transat, qui dégringole depuis plusieurs mois, a monté de 7 cents pour clôturer à 6,88$ à la Bourse de Toronto hier, un gain de 1%. Elle se situait à 17,93$ il y a un an.